Sur les messages colériques d’hommes qui me sont adressés, par Lundy Bancroft

Bientôt disponible en français aux éditions Libre

Cela fait vingt ans que je reçois des messages d’hommes furieux ou que je lis en ligne leurs diatribes constellées de postillons. J’ai choisi de ne pas y répondre (enfin, j’ai peut-être cédé à cette tentation quelques fois), parce que je ne crois pas que cela soit le moindrement utile. Ce genre d’hommes n’examine jamais ce qu’il dit et n’entre pas dans une interaction pour explorer des idées. Il veut plutôt s’imposer au centre de l’attention et fustiger les personnes qui ne sont pas d’accord avec lui. Et surtout, il veut rabaisser les femmes et les rendre responsables de tout.

Cela fait longtemps que j’ai l’intention d’écrire un article sur la nature de ces messages et sur ce qu’ils révèlent de la façon dont pensent les hommes violents; parce que, franchement, c’est exactement ce qu’ils sont.

(Tout de suite, en écrivant cela, je lis déjà le prochain message enragé, qui dira quelque chose comme : « Tu qualifies d’agresseur tout homme qui n’est pas d’accord avec toi ». Je reviendrai sur cet argument.)

La tirade la plus courante que me lancent ces hommes ressemble à ceci : « Vu la façon dont Lundy décrit la violence dans Pourquoi fait-il cela?, n’importe quel homme peut être qualifié d’homme violent. Il prend des réactions normales de frustration et de colère et les amalgame à de la violence et des menaces, comme tout cela était la même chose. Si les hommes disent autre chose que « s’il vous plaît » et « merci » aux femmes, il les qualifie de méchants. À cause d’idées comme celles de Lundy, les femmes sont nombreuses à qualifier leur partenaire d »agresseur’ et à mettre fin à la relation, au lieu de régler les problèmes de manière responsable et de demeurer fidèles à leur vœux de mariage. Et c’est pour cette raison que des enfants grandissent dans des foyers brisés  (etc., etc.). »

Cette tirade est très révélatrice, principalement pour une raison : les dizaines d’exemples de comportements masculins que je détaille dans Pourquoi fait-il cela? sont tous graves. Ils illustrent des hommes qui passent les bornes en parfaits connards. Les récits que je cite n’ont rien de subtil. Je ne discute pas de petites nuances que, par exemple, quelqu’un pourrait mal interpréter ; cela exigerait un tout autre livre. Dans le mien, il est question de contrôle sévère, d’avilissement, de destruction des relations de la femme avec son entourage, de lui donner l’impression que tout est de sa faute, et ainsi de suite.

Que signifie donc le fait qu’un homme lise ces récits et considère comme des comportements normaux, des gestes et propos que je qualifierais injustement de violents ?  Cela signifie qu’il considère ces comportements comme normaux. Cela signifie qu’il croit qu’une femme a la responsabilité de rester sur place pour subir à nouveau ce genre de traitement, qu’elle doit à l’homme cette tolérance. Et cela signifie qu’il pense avoir le droit de se comporter de la sorte.

En d’autres termes, cela signifie qu’il est bel et bien un agresseur. Aucun homme non violent ne considère ces comportements comme subtils et acceptables, ni ne les qualifie de « détails qui ont été mal interprétés ». Beaucoup d’hommes bienveillants ont lu mes livres, et aucun d’entre eux ne m’a dit après coup : « Lundy, je trouve que vous abordez là des questions vraiment très délicates. » Ils me disent plutôt : « Vous avez parfaitement décrit l’homme qui violente ma fille » ou « L’une de mes camarades de travail est aux prises avec un homme qui correspond exactement à ceux dont vous avez parlé ». En d’autres termes, les hommes dont je parle dans mes livres sont reconnus comme dangereux par les hommes non violents.

L’un des messages essentiels de Pourquoi fait-il ça? est que la violence masculine ne découle pas de l’univers émotionnel de l’homme ou de ses problèmes de santé mentale. Elle est presque entièrement due à ses attitudes et à ses valeurs. C’est en particulier le résultat de ses croyances sur les points suivants :

  •  le type d’exigences qu’il a le droit d’imposer aux femmes (y compris l’exigence qu’elles se taisent et ravalent leurs griefs)

et

  •  les types de punitions qu’il a le droit d’imposer lorsque la femme ne répond pas à ces exigences.

En d’autres termes, la violence masculine est presque entièrement régie par la conviction d’un homme que contrôler et punir une femme est justifiable, et que son comportement est normal et peut être excusé.

Et il le démontre cette conviction par ses réactions aux récits consignés dans mes livres. Je ne le qualifie pas de violent parce qu’il n’est pas d’accord avec moi ; je le fais en raison des valeurs qu’il révèle lorsqu’il se plaint que mes exemples (très sérieux) sont trop mineurs pour être considérés comme des agressions.

Aujourd’hui, je n’aborderai qu’un autre type de message que je reçois souvent de la part de types en colère. (Je peux poursuivre ce thème dans un autre article si les gens le souhaitent).

Ce message se lit : « Ma femme (ou petite amie) a lu votre livre et maintenant elle réécrit l’histoire pour faire de moi un agresseur, et c’est à cause de vous qu’elle m’a quitté. »

Il espérait me faire sentir mal, mais son argument s’est retourné contre lui ; quelle meilleure nouvelle pourriez-vous donner à l’auteur de livres comme le mien que de me dire que des femmes réussissent à s’échapper ?

Mais mon argument est de montrer ce que cette récrimination révèle au sujet de cet homme. Tout d’abord, il ne croit pas que sa partenaire soit capable de penser par elle-même. Il ne respecte pas ses opinions ou son intelligence ; il ne pense qu’à la forcer à penser ce qu’il veut qu’elle pense. Il suppose donc que d’autres personnes contrôlent également sa pensée. Il ne peut tout simplement pas tolérer l’idée qu’elle puisse être l’agent de sa propre vie. Il nie systématiquement son humanité : c’est son excuse pour la bousculer en permanence.

Il refuse aussi constamment, implacablement, d’accepter la responsabilité de ses actes. À ses yeux, il y a toujours quelque chose qui l’a poussé à faire toutes les choses horribles qu’il fait. Et c’est généralement sa partenaire qui, à l’en croire, l’a poussé à faire ces mauvaises choses. Il est donc impossible que ce soit son comportement à lui qui l’ait poussée à le quitter ! Parce que lui, c’est un type bien et qu’elle est une idiote qui ne l’écoute pas et refuse de faire ce qu’on lui dit de faire ! C’est donc le livre qu’elle a lu qui a dû provoquer son départ ! Le fait qu’il la traite comme de la merde ne peut pas être à l’origine de son choix de partir !

Pour résumer brièvement son raisonnement : « Ce doit être le livre qui l’a fait partir parce que : a) elle n’est pas capable de penser par elle-même et, b) rien dans la façon dont je l’ai traitée n’a jamais été de ma faute. »

Remarquez qu’il la croit responsable de ses actes, mais que lui n’est pas responsable des siens. (Les agresseurs abusent souvent du deux poids deux mesures, c’est même une de leurs spécialités.) En fait, il considère que chaque personne est responsable de ses propres actions, et il le défend cette thèse avec force. Sauf lorsqu’il s’agit de la manière dont les hommes traitent les femmes.

Il peut même s’indigner de la façon dont les autres hommes traitent les femmes et se dire tout à fait favorable aux droits des femmes – tant que cela ne s’applique pas à lui et à sa partenaire, bien sûr.

(DEUXIÈME PARTIE)

Le billet d’aujourd’hui sera légèrement controversé. Mais ce ne sera pas la première fois…

Je veux parler d’un message que j’ai reçu à plusieurs reprises de la part d’hommes, un message qui a un ton particulièrement colérique et qui ressemble à ceci :

« Pourquoi ne parlez-vous que des hommes violents ?? Pourquoi ne parlez-vous pas des femmes violentes ?? Il y en a beaucoup ! Les hommes aussi peuvent être victimes de violence ! Vous devez cesser d’éviter cet enjeu et arrêter de donner l’impression que les femmes sont toutes bonnes et que les hommes sont tous mauvais ! »

Je suis gênée par ces éruptions pour tant de raisons différentes qu’il m’est difficile de savoir par où commencer. Mais tout d’abord :

Est-ce que quelqu’un irait à une présentation sur le cancer chez les enfants, se lèverait de sa chaise et dirait furieusement aux présentateurs : « Pourquoi ne parlez-vous que du cancer chez les enfants ? Les adultes aussi ont le cancer, vous savez ! Je pourrais vous donner d’horribles exemples à ce sujet ! En fait, cela arrive plus souvent aux adultes qu’aux enfants ! Pourquoi ne vous en préoccupez-vous pas ? »

Nous penserions que cette personne est complètement hors propos, n’est-ce pas ? Pour quelques-unes des raisons suivantes :

  • Parce que l’expérience du cancer est tout à fait différente pour un enfant et différente pour ses proches.
  • Parce qu’un ensemble très spécifique de ressources et d’interventions s’impose pour les enfants, et que nous devons apprendre à connaître ces besoins.
  • Parce que le monde en général est beaucoup plus orienté vers les besoins des adultes que vers ceux des enfants, et que nous devons donc mettre l’accent sur les besoins des enfants, sinon ils ne seront pas bien pris en charge. (C’est pourquoi il a été important de créer des hôpitaux pour enfants, par exemple. Je redoute le jour où des adultes commenceront à exiger d’être admis dans les hôpitaux pour enfants, en criant qu’ils sont victimes de discrimination.)

Tous ces facteurs jouent dans le cas de la violence conjugale. L’expérience d’une femme maltraitée par un conjoint est radicalement différente de l’expérience d’un homme mal traité, voire horriblement traité, par sa partenaire. La dynamique est différente, les réactions de la société sont différentes, ce qui se passe dans le monde intérieur de la personne maltraitée est différent, toutes sortes de choses sont différentes. Il est inefficace d’essayer de traiter ces deux sujets simultanément.

Le niveau de danger est également très différent – et dans ce domaine, il vaut beaucoup mieux être un homme qu’une femme. Très peu d’hommes se retrouvent coincés dans une relation avec une femme parce qu’ils craignent d’être tués s’ils la quittent. En fait, les homicides d’hommes par des femmes après une séparation sont quasiment inexistants, alors que la plupart des homicides de femmes par des hommes se produisent lorsque la femme essaie de quitter la relation ou qu’elle l’a déjà quittée.

Les femmes victimes de violence ont besoin de services et d’un soutien qui leur soient adaptés. Elles ont besoin que leurs amies et leur famille leur parlent en étant conscients qu’ils s’adressent à une femme. On ne pourrait pas créer un ensemble générique unisexe de réponses et de ressources et s’attendre à ce qu’elles soient efficaces pour aider les femmes à se mettre à l’abri.

Mais le troisième point de mon analogie avec le cancer est peut-être celui que je trouve le plus important. Nous vivons dans un monde qui est encore fortement orienté en fonction des hommes, et où les hommes occupent encore presque tous les postes clés du pouvoir social. Les besoins des femmes sont quotidiennement mis de côté. Que se passe-t-il lorsque, sous prétexte de se montrer plus inclusifs, on décide de répondre simultanément aux besoins des hommes et des femmes ? La réponse est que les besoins des hommes reprendront toujours progressivement le dessus.

Je vais vous donner un seul exemple de ce qui se passe. Il y a une vingtaine d’années, des pressions ont été exercées sur les programmes de lutte contre la violence conjugale pour qu’ils ouvrent également leurs services aux hommes. Les hommes violents ont vite compris comment tirer parti de cette situation. Des dizaines de femmes m’ont raconté qu’elles avaient essayé d’obtenir des services auprès d’un programme, mais qu’on leur avait dit que le programme ne pouvait pas les aider, parce qu’ils aidaient déjà leur partenaire, qui s’était présenté en prétendant être la victime dans la relation, et que s’ils aidaient la femme, il y aurait un conflit d’intérêts. (Vous pouvez lire ma longue série d’articles de blog sur ce qui est arrivé au mouvement de lutte contre la violence conjugale, en commençant par celui-ci).

J’ai également parlé à des femmes qui, après avoir été profondément traumatisées par la violence et les menaces terroristes de leur partenaire, se sont retrouvées à devoir accueillir un homme dans leur refuge, ce qui les a plongées à nouveau au  plus profond de leur traumatisme. (Je n’ai heureusement pas été confronté à cette situation très souvent, mais je crains qu’elle soit en voie de devenir de plus en plus courante.)

Mais venons-en à d’autres arguments.

Si vous étiez un homme qui avait réellement été terriblement maltraité par une partenaire féminine – et nous connaissons probablement tous un homme à qui cela est arrivé – vous éprouveriez une sympathie instinctive pour les femmes victimes de violence, car vous comprendriez vraiment ce qu’elles ont vécu.

J’ai parlé à certains hommes ayant réellement été maltraités et c’est effectivement ainsi qu’ils ont réagi ; ils sont venus me voir et m’ont dit des choses comme « Je comprends vraiment ce dont vous parlez, parce que j’ai vécu une expérience assez semblable. ».

Je me méfie donc immédiatement d’un homme qui se lève avec colère et commence à gronder : « Pourquoi ne parlez-vous pas du fait que cela arrive aux hommes ? Cela m’est arrivé à moi ! » Ce type d’homme n’exprime aucune empathie à propos de ce qui arrive aux femmes. Il n’exprime pas non plus de gratitude envers les femmes et les hommes qui s’efforcent d’aider les femmes maltraitées et de tenir tête aux agresseurs. Rien n’indique qu’il ressente de cause commune avec les femmes victimes de violence. Je ne crois donc pas à son histoire. Je pense que ce qui l’énerve vraiment, c’est que nous refusons de nous taire à propos de ce que tant d’hommes font aux femmes.

Et comme celles et ceux d’entre vous qui ont lu Pourquoi fait-il ça? me l’ont déjà entendu dire, beaucoup de mes clients les plus cruels et les plus brutaux aimaient se présenter comme des hommes maltraités. Il est devenu presque normal pour les agresseurs de prétendre qu’ils sont les vraies victimes.

J’en viens maintenant à l’un des points les plus controversés du débat : Y a-t-il beaucoup d’hommes qui sont maltraités par des femmes ? Est-il vrai que cela arrive aux hommes presque autant qu’aux femmes ?

La réponse est non.

Il y a beaucoup d’hommes qui sont maltraités par leurs partenaires masculins, et d’ailleurs beaucoup de femmes qui sont maltraitées par leurs partenaires féminines ; la maltraitance dans les relations homosexuelles est un phénomène bien réel, apparemment présent dans un pourcentage de relations similaire à celui constaté dans les relations hétérosexuelles. Et il y a beaucoup de femmes qui se comportent très mal face à leurs partenaires masculins, mais ce n’est pas la même chose que les autres exemples abordés. Voici quelques distinctions essentielles :

  • Le risque qu’un homme soit tué par une femme est extrêmement faible, et ce risque disparaît presque complètement une fois la relation rompue. En d’autres termes, les hommes ne sont pas piégés dans des relations hétérosexuelles parce qu’ils risquent d’être tués s’ils les quittent – un danger qui est très réel pour les femmes victimes de violences.
  • Très peu d’hommes sont forcés par leur partenaire féminine à avoir des contacts sexuels qu’ils trouvent dégoûtants ou violents, ou qu’ils ne veulent tout simplement pas avoir. (En fait, je n’ai jamais rencontré de ces hommes.) C’est extrêmement important, car de nombreuses femmes victimes de sévices décrivent les violences sexuelles comme les plus néfastes psychologiquement et laissant les effets négatifs les plus durables de toutes les façons dont elles ont été maltraitées dans la relation.
  • Nous n’entendons pas souvent parler d’hommes qui perdent leur emploi à cause du harcèlement constant de leur partenaire au travail, une expérience qui arrive souvent aux femmes victimes de violence conjugale, ou d’hommes dont les finances sont manipulées de sorte que tout l’argent et tous les biens finissent dans les mains de la femme, ou encore d’hommes qui ne sont pas autorisés à voir ou à parler à qui que ce soit.

Et ainsi de suite.

Je ne dis pas que ce que vit un homme maltraité n’est pas grave. Cela peut être terrible. Cela peut rendre sa vie misérable. Je dis simplement que ce n’est pas la même chose et que cela ne peut pas être amalgamé aux vécus des femmes. La dynamique de pouvoir en cause est simplement trop différente.

La manipulation des statistiques pour donner l’impression qu’il y a beaucoup d’hommes victimes de violence féminine appelle une longue discussion en soi. J’en parlerai dans un prochain billet de blog ; il y a trop de choses à dire à ce sujet pour que je l’aborde ici. J’ai consacré beaucoup de temps à cette recherche et je dirai simplement que dans les relations hétérosexuelles, les violences conjugales sévères restent presque exclusivement orientées des hommes vers les femmes.

D’accord, j’y vais d’un dernier argument, qui est lié à quelques-uns des points que j’ai soulevés précédemment.

Il y a une vingtaine d’années, nous avons commencé à entendre qu’il était important de parler davantage des victimes masculines. L’argument était que cela donnerait plus d’attrait à notre mouvement contre la violence conjugale, parce que les hommes se rendraient compte que cela peut leur arriver à eux aussi. Nous élargirions ainsi notre champ d’action.

Ce fut une très grave erreur.

Tout d’abord, remarquez ce que sous-entend cet argument : les hommes seraient trop égoïstes pour soutenir ce mouvement à moins que nous puissions les convaincre que les hommes sont aussi  victimes de la violence conjugale.

Il est vrai que certains hommes sont à ce point égoïstes, mais voulons-nous vraiment le soutien de ces hommes ? Le mouvement de lutte contre la violence domestique compte des hommes formidables (j’ai eu la chance d’en connaître plusieurs), mais lorsqu’ils expliquent pourquoi ils sont impliqués, ce n’est jamais par intérêt personnel ; ils sont là parce qu’ils se soucient de ce qui arrive aux femmes, en particulier à leurs sœurs, à leurs mères et à leurs filles – en d’autres termes, des femmes qu’ils aiment. (Au fil des ans, j’ai rencontré un certain nombre d’hommes qui se sont engagés dans la lutte contre la violence conjugale parce qu’ils étaient les pères de filles qui avaient été assassinées par leur partenaire.) Tout homme qui ne participe pas au mouvement parce qu’il se soucie des droits des femmes est un homme dont nous n’avons pas besoin ; lorsqu’ils sont là pour d’autres raisons, ils finissent par faire beaucoup plus de mal que de bien.

Par contre, le mouvement de lutte contre la violence conjugale a sacrifié sa polarité de sexe. Les programmes sont désormais appelés « programmes de lutte contre la violence conjugale », et non plus « programmes pour les femmes victimes de violence », comme on les appelait auparavant. Nous parlons des agresseurs et des victimes avec les pronoms « il ou elle » indifféremment, sans tenir compte des statistiques qui montrent qu’il s’agit en grande majorité d’hommes agressant des femmes. Lorsque nous parlons de cette question, nous essayons de nous assurer de ne pas blesser des hommes en disant trop de vérités.

Cela a-t-il élargi et renforcé notre mouvement ? Non, pas du tout. Le mouvement de lutte contre la violence conjugale est beaucoup plus faible qu’il ne l’était il y a vingt ans, au lieu d’avoir gagné en force. De très nombreux acquis sont aujourd’hui réduits à néant, un peu plus chaque année. (Les droits des femmes en général sont en train de disparaître à notre époque, comme vous l’avez sans doute remarqué.)

Ne vous excusez pas de faire des femmes votre priorité. Ne vous excusez pas de mettre les besoins et les droits des femmes au premier plan. Lorsque quelqu’un vous dit que vous devriez aussi parler des victimes masculines, je vous encourage à répondre : « Il y a des centaines de problèmes dans ce monde qui doivent être abordés. Êtes-vous en train de dire que je ne peux pas m’occuper de ce qui arrive aux femmes si je ne m’occupe pas aussi de tous les autres maux qui se produisent dans le monde ? Pourquoi n’est-il pas acceptable de faire des femmes ma priorité ? »

Lorsque des personnes opprimées osent dire la vérité sur ce qui leur a été fait, il y a toujours d’autres personnes dans la société qui réagissent en se mettant en colère et en les blâmant. Faites de votre mieux pour ne pas laisser ces personnes vous forcer à vous excuser d’avoir pris la parole et pour ne pas les laisser étouffer votre voix  ou même à en réduire l’ampleur.

Vos véritables alliés vous soutiennent.

Lundy BANCROFT

Traduction: TRADFEM

VERSION ORIGINALE: https://lundybancroft.com/mens-angry-m et https://lundybancroft.com/mens-angry-messages-to-me-part-2/?