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Continuer la lutte anti-militariste avec l’inspiration d’Andrée Michel

En honneur à son enthousiasme et sa fougue, à son courage et à son exemple de lutte, quelques éléments de son parcours et de sa réflexion, repris de la préface de son dernier ouvrage : https://www.editions-ixe.fr/catalogue/feminisme-et-antimilitarisme/. Andrée Michel est décédée le 8 février 2022.

Andrée Michel : une féministe anti-militariste dans le siècle

Larges extraits de l’Avant-propos de Jules Falquet au livre d’Andrée Michel

Hay mujeres que luchan un día, y son buenas
Hay mujeres que luchan muchos dias, y son muy buenas
Hay mujeres que luchan muchos años, y son mejores
Y hay mujeres que luchan 101 años
Estas son las imprescindibles 

Bertold Brecht (adaptation)

Solo le pido a Dios
Que la guerra no me sea indiferente
Es un monstruo grande y pisa fuerte
Toda la pobre inocencia de la gente
 
Chanson de Mercedes Sosa

On connaît généralement Andrée Michel comme l’une des premières sociologues de la famille, puis des femmes et du travail, dans les années 1960 et 1970 en France. Pourtant, au-delà de ces travaux novateurs, aujourd’hui devenus classiques, on a à faire à une féministe « intégrale » – à la fois militante et chercheuse – et à une précurseuse dans plusieurs autres domaines capitaux, notamment la sociologie des migrations mais aussi, et surtout, le militarisme et le Complexe militaro-industriel (CMI), expression traduite de l’américain qu’elle a été la première à utiliser en France (Michel, 1985a). 

Dans les années 1950, elle ouvre le champ de la sociologie des migrations en France, étudiant et dénonçant les conditions de logement et de travail des ouvriers algériens, tout en s’engageant dans les luttes anti-coloniales, algériennes en particulier. Dès les années 1960, elle milite activement au Planning familial, publie l’un des premiers ouvrages de référence sur la situation des femmes (Michel et Texier, 1964), puis le premier (et unique) « Que sais-je ? » sur le féminisme, paru en 1972 et traduit en six langues. Après plusieurs années à enseigner en Algérie, puis aux États-Unis et au Canada, revenue en France elle fonde en 1974 la première équipe de recherche sur les femmes au CNRS. 

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Francine Sporenda : POURQUOI LES HOMMES ONT PEUR (de la sexualité libre) DES FEMMES

Francine Sporenda a étudié en licence et maîtrise à l’université Paris 3. Après un passage dans le journalisme, elle a repris ses études aux Etats-Unis pour un Master et un Ph.D.(doctorat), avec une spécialisation en histoire des idées politiques. Franco-américaine, elle a enseigné comme maître de conférences à l’école de sciences politiques (School of Advanced International Studies) de la Johns Hopkins University. Ex-membre du bureau des Chiennes de garde, elle est responsable rédactionnelle du site « Révolution féministe ». Elle vient de publier Survivre à la prostitution, ces voix qu’on ne veut pas entendre chez M éditeur.

 Les dominants ont peur des dominés

On sait que les hommes conventionnellement socialisés à la virilité ont peu de considération pour les femmes – sexisme bienveillant ou sexisme hostile –voire les détestent – misogynie. Mais derrière ces attitudes visibles, il y a un sentiment plus profond, caché, la peur qu’elles leur inspirent. Ils pourront, quand ils sont entre eux, admettre qu’ils les méprisent et les détestent mais ils ne peuvent pas reconnaître qu’ils en ont peur : un homme, censé être fort, courageux, indépendant, ne peut avouer sa peur des femmes sans ruiner son image virile. Et les hommes étant la classe de sexe qui détient le pouvoir, pourquoi auraient-ils peur de la catégorie qu’ils ont asservie et à laquelle ils se considèrent comme supérieurs ?

En fait, c’est justement pour cela qu’ils ont peur : en règle générale, les dominants ont toujours peur de ceux qu’ils ont asservis. Les maîtres avaient peur des esclaves, les colons se méfiaient des colonisés, les patrons craignaient les prolétaires. Et les hommes ont peur des femmes. Exemples :

Peur des propriétaires d’esclaves du Sud des Etats-Unis : sur leurs plantations, les Blancs étaient beaucoup moins nombreux que les esclaves, désavantage numérique expliquant leur hantise des conspirations et révoltes serviles. Des règles strictes étaient édictées pour empêcher autant que possible ces rebellions : interdiction faites aux esclaves de se réunir en « non-mixte » hors de la surveillance des Blancs, interdiction de sortir de la plantation, interdiction de posséder des armes, interdiction d’apprendre à lire et écrire, etc. On note que, pendant des siècles, les femmes ont été soumises à des interdictions similaires. Et cette peur était d’autant plus obsédante que les maîtres vivaient côte à côte avec leurs « esclaves de maison » et qu’à leur crainte d’être massacrés s’ajoutait celle d’être empoisonnés par leurs cuisinières et valets. Les colonisateurs vivaient pareillement dans la hantise des révoltes indigènes, et des mesures strictes, stipulées dans les codes indigènes, étaient également prises pour contrôler les colonisés et s’assurer de leur docilité.

La raison pour laquelle les dominants ont peur de ceux qu’ils ont réduits en servitude est évidente : ils savent obscurément que leur domination n’existe et ne se perpétue que par la coercition, la manipulation et la violence, et ils redoutent à juste titre que les dominé.es ne se rebellent contre leur tyrannie voire emploient pour s’en libérer les mêmes moyens qu’eux-mêmes ont employés pour l’imposer : l’arroseur arrosé. Ils ont pour habitude de représenter ceux-ci comme stupides, fourbes et cruels pour justifier leur asservissement et étouffer tout scrupule éthique : racisme et sexisme. On note que les peuples réduits en esclavage et colonisés sont souvent féminisés symboliquement : les caractéristiques qu’on leur attribue – fourberie, animalité, stupidité, infériorité biologique – sont celles stéréotypiquement attribuées aux femmes.

La peur des hommes vis-à-vis des femmes relève d’explications du même ordre – peur d’autant plus forte qu’entre les sexes l’intimité est exceptionnellement étroite. Cette proximité est ressentie comme rendant la perfidie féminine spécialement dangereuse : plus les relations sont intimes, plus grand est le risque de trahison. Et comme elles savent tout des faiblesses des hommes qu’elles côtoient, notamment sexuelles, les femmes sont régulièrement accusées d’en jouer pour les asservir : dans les mythologies et les textes religieux, les récits de héros guerriers « castrés » car devenus le jouet docile de femmes séduisantes sont nombreuses et enseignent aux hommes à se défier de ces dangereuses tentatrices – Hercule et Omphale, Samson et Dalila, etc. C’est aussi une histoire d’arroseur arrosé : ce que les hommes craignent au fond, c’est le retour de bâton, la vengeance kharmique des femmes – si elles venaient à se libérer de leur joug, ne les traiteraient-elles pas comme ils les ont traitées ? Et – fantasme d’un matriarcat triomphant – ne pourraient-elles pas un jour prendre le pouvoir, tant ils ne peuvent concevoir une organisation non-hiérarchique des relations sociales, hors du schéma patriarcal dominant-dominé ?

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John Stoltenberg : Le pourquoi de l’oppression

Voici un récit à propos du pire récit jamais raconté.

C’est celui que l’on vous raconte s’il a été décidé à votre naissance que vous deviez grandir pour devenir un vrai garçon et, un jour, un vrai homme. Cette décision a été prise à la va vite, après une simple inspection visuelle de votre entre-jambes de nouveau-né. Et personne ne vous a demandé votre avis puisque vous veniez tout juste de naître. Pourtant, cette décision allait déterminer une grande partie de votre vie, peut-être même sa plus grande partie.

Vous connaissez tous ce récit : d’abord être un vrai garçon pour ensuite devenir un vrai homme.

Si vous faites partie de ceux à qui on a raconté ce récit, non seulement on vous l’a raconté, mais on vous a appris à le raconter aux autres pour que vous puissiez vous le raconter à vous-même. Si vous avez bien appris le récit, vous devrez le raconter aux autres et à vous-même, incessamment, pour le reste de votre vie. Et ce récit n’est pas seulement le vôtre. Il est raconté presque partout, presque tout le temps, tout autour de vous.

J’appelle ce récit le Code Alpha.

Le Code Alpha ressemble au système d’exploitation d’un ordinateur personnel, comme un code de programmation qui traite l’information et prend des décisions selon une certaine logique. L’ordinateur est un objet bien réel, mais c’est le système d’exploitation qui lui dit comment penser. Il en est de même pour vous: vous existez dans un corps humain bien réel, mais une partie de votre fonctionnement obéit à la logique du Code Alpha :

D’abord être un vrai garçon, et ensuite un vrai homme.

Certaines personnes peuvent penser que le Code Alpha, c’est vous, que vous ne pouvez pas vous en distinguer. Mais tout comme un système d’exploitation informatique, le Code Alpha n’est pas matériel; c’est un simple programme avec une logique et un objectif particuliers. Il est en vous pour que vous craigniez de ne pas encore être un homme à part entière, pour que vous ne cessiez de tout faire pour devenir un homme, un vrai. Il est en vous pour vous terrifier à l’idée d’échouer à cette tâche.

Vous connaissez cette panique qui s’empare de vous quand un homme qui tente d’être un vrai homme vous humilie ou vous rabaisse, parce que vous n’êtes pas suffisamment un vrai homme ? Vous avez l’impression d’être comparé et vous avez peur. C’est votre Code Alpha qui se met en alerte. Il est conçu pour déclencher votre réaction de panique à tout moment où vous échouez à être le vrai homme que le Code Alpha dit que vous devez être.

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Charles Derry : Misandrie

[Le texte suivant constitue un des chapitres du livre Oppression and Social Justice, coordonné par Julie Andrzejewski et publié en 1993]

Note : Cet article s’attache à dépeindre précisément les comportements masculins dans leurs relations aux femmes. Des propos crus et injurieux sont souvent tenus dans ces échanges. Bien que l’auteur ait essayé de limiter ce type de propos, les éliminer complètement réduirait ou brouillerait sa tentative de révéler le soutien masculin aux violences contre les femmes.

Au premier abord, il semblerait que les hommes ne se sentent pas concernés quand les femmes sont violées, battues, blessées, bousculées, frappées, giflées, cognées, mordues, fauchées, attachées, enfermées, suivies, harcelées, humiliées, mutilées, torturées, terrorisées, tuées, frappées, étranglées et matraquées à mort par leurs maris, petits-amis et ex. A première vue, c’est comme si on s’en moquait tout simplement. Mais si on regarde de plus près, on s’aperçoit que le silence ou l’apathie généralisée dont font preuve la plupart des hommes concernant la violence masculine envers les femmes n’est qu’une façade. C’est un masque qui tombe au premier soupçon de résistance des femmes. Dès la moindre suggestion que les hommes ne devraient pas attaquer ou terroriser les femmes, la fine couche de désintérêt silencieux qui protège le privilège des hommes à abuser des femmes disparait.

A la place, se déploie tout un arsenal de résistance masculine souvent assez ahurissant par son envergure, non seulement par le simple nombre de tactiques employées mais également par la sophistication avec laquelle elles sont exécutées. Ce qui semblait de prime abord être du désintérêt masculin s’avère alors être plutôt l’opposé. Les appels au secours passionnés et plein de colère lancés par les femmes se heurtent à un mur. Les hommes s’intéressent vraiment à la violence contre les femmes. Mais ils s’y intéressent d’une façon dont ils préfèrent ne pas parler. Les hommes ont intérêt à ce que la violence se produise et ils ont intérêt à ce qu’elle continue. Et franchement, ils en ont marre d’avoir à en entendre parler. Quand le sujet est abordé, les hommes se mettent en colère, peut-être pas immédiatement mais toujours à la fin, car en dernière instance ce sujet est un défi moral qui implique que nous abandonnions les privilèges qui découlent de notre position de pouvoir. Cela signifie que le sexisme doit cesser et peu d’hommes soutiendront cette idée. Le sexisme, après tout, est une bonne affaire pour les hommes.

Quand j’avais 17 ans, j’ai commencé à sérieusement me demander ce que cela signifierait si les femmes étaient vraiment mes égales. Au bout de deux minutes de réflexion j’ai atteint le cœur du problème. « J’aurais à renoncer à des trucs ». J’ai considéré cette éventualité pendant environ 30 secondes et puis j’ai décidé que « Nan, pourquoi je ferais ça ? ». En faisant ça, je décidais de continuer à adopter les attitudes, comportements et croyances culturellement acceptés chez les hommes et dans lesquelles j’avais déjà été complètement et confortablement endoctriné. Personne ne m’a vu prendre cette décision. Personne n’a questionné la justesse ou l’erreur de celle-ci. Je n’ai d’aucune manière été identifié comme criminel ou déviant. J’ai repris le cours normal de ma vie en ayant un peu plus conscience qu’il valait mieux être un gars qu’une fille. On me faisait peu de reproches. Les femmes étaient des femmes et j’étais un jeune gars cherchant d’abord un accès sous leurs jupes. (Je voulais aussi apprendre à les connaître, bien sûr. Moi je n’étais pas un « animal », après tout, contrairement à certains types que je connaissais). En gros, je me considérais comme un « type bien ».

Mais comment expliquons-nous les données suivantes ?

– La violence se produit au moins une fois dans deux tiers de l’ensemble des mariages (Roy, 1982).

– A peu près 95 % des victimes de violence domestique sont des femmes (Ministère de la Justice, 1983).

– 50 % des femmes seront battues par leur amant ou mari plus d’une fois dans leur vie (Walker, 1979).

– Des études montrent que la violence conjugale a pour conséquence davantage de blessures nécessitant un traitement médical que dans les cas de viol, les accidents de voiture et les vols avec agression cumulés (Stark & Flitcraft, 1987).

– Aux États-Unis, une femme a plus de chances d’être agressée, blessée, violée ou tuée par son compagnon que par n’importe quel autre type d’agresseur. (Browne & Williams, 1987).

– On estime qu’il y a 3 à 4 millions de femmes américaines violentées chaque année par leurs maris ou conjoints (Stark et al, 1981).

– Entre 21 et 30 % des étudiantes déclarent des violences de la part de leur petits amis (Wolf, 1991).

– Aux États-Unis, on estime qu’une femme est violée toutes les 1,3 minutes. 75 % des victimes de viol connaissent leur agresseur (Centre national des victimes et Centre de recherche et de traitement des victimes de crime, 1992).

– Dans une étude, entre 25 et 60 % des étudiants hommes ont reconnu qu’ils violeraient probablement une femme s’ils pouvaient s’en tirer sans conséquence (Russell, 1988).

Qui agresse ces femmes ? Elles sont agressées par des millions d’hommes qui se considèrent toujours comme des « types bien ». Ce sont des pères et des grands-pères, des patrons et des collègues, des prêtres et des curés, des amis et des connaissances, des juges et des députés, des maris et des petits amis. Ce sont des hommes qui connaissent les femmes qu’ils agressent. Alors que 75% des femmes sexuellement agressées connaissent leur agresseur, 100% des victimes d’agressions domestiques connaissent le leur. Si tous les « types bien » se sortaient de leur canapé et faisaient quelque chose pour faire cesser leur violence et celle des autres hommes, la violence masculine s’arrêterait. Le sexisme vacillerait puis s’effondrerait, un peu comme le bloc soviétique s’est effondré au début des années 90 quand ils ont cessé d’écraser leur population avec des tanks. Si tous les hommes qui battent et violent actuellement des femmes arrêtaient, est-ce que tous les hommes qui jusqu’alors n’avaient pas été violents commenceraient à l’être pour maintenir le sexisme et laisser intact le pouvoir masculin avec tous ses privilèges ? Lire la suite

LES FEMMES AU SERVICE DU SPORTIF par Frederic Baillette

[Le texte qui suit est tiré de l’ouvrage sorti en 1999 Sport & Virilisme. Il est certes très ancré dans le contexte de l’époque (d’après Coupe du Monde de 1998) ; il viendra je l’espère donner quelques billes sur les enjeux en cours pour 2018 et inciter à une réactualisation de la critique , avec en tête aussi ceci…   pour info, ce blog peut accueillir des textes de lecteur-ice-s]

La récente Coupe du Monde de football, la victoire providentielle de l’équipe de France et les logorrhées d’euphorie[1] qui suivirent, ont permis à une panoplie de journalistes, de commentateurs (pas tous très sportifs) et d’intellectuels (ravis de rabattre le caquet aux « critiqueurs ») de faire avaler quelques couleuvres idéologiques à une population en état de lévitation footballistique et de nirvana nationaliste. Les deux plus dodues de ces entourloupes furent : d’une part, la déculottée donnée aux idées xénophobes à travers l’éclosion, qualifiée tout à trac de spontanée, d’un grand rassemblement festif Black-Blanc-Beur[2] ; d’autre part, « l’intérêt inattendu » des femmes pour un spectacle qu’elles étaient jusqu’alors supposées abhorrer. Le deuxième sexe était censé se détourner d’un exercice originellement masculin, d’une passion étrangère à ses préoccupations, faute d’en avoir réellement compris la philosophie, et d’avoir su en saisir toutes les finesses tactiques, les arguties techniques et la dimension hautement artistique. La Coupe du Monde, la retransmission de tous ses matchs, leur décorticage, leur dramatisation et leur esthétisation télévisuelles auraient agi comme une efficace et salutaire leçon de choses. C’est la didactique du football qui aurait fait sortir les femmes de leur proverbiale inculture sportive !

Peu de sociologues assermentés ou d’intellectuels brevetés, se sont interrogés sur le bien-fondé de cette soi-disant spontanéité, la réalité de ces subites conversions. Surfant délicieusement sur la déferlante furibarde qui suivit la victoire de la France, ils ont repris benoîtement à leur compte les poncifs rebattus ad nauseum par la presse, ou, tout au moins, se sont gardés de pointer – à défaut d’analyser et de dénoncer –, leurs limites, leur naïveté (intéressée) et leur fausseté. Certains penseurs-philosophes ont même servi l’idéologie sportive à grosses louches. Sans nous étendre ici, nous noterons que la spontanéité avait été bien préparée, l’éjaculation pyrotechnique finale progressivement amenée, et que le brassage social, que certains qualifièrent sans ambages de multiethnique, auquel elle a donné lieu, ne prouve en rien que les ressorts du racisme n’ont pas été réactivés durant cette magnifique Coupe du Monde. Quant à la participation providentielle (d’une partie) des femmes, elle s’est réalisée sans déranger, ni déroger au machisme et au sexisme qui structurent le sport de compétition et son spectacle. Elle les a plutôt confortés en mettant les femmes à leur place : dans les gradins, pour y acclamer leurs héros-soldats et mirer leurs prouesses[3]. On peut même dire que cette guerre en crampons a eu un effet antiféministe, en remettant chaque sexe à sa place, tout en rappelant leur hiérarchisation. Les hommes (représentés par des commandos d’élite) sont montés au front, tandis que les femmes admiraient les combats et tombaient sous les charmes des vainqueurs. Ainsi que l’observe Michelle Perrot, à propos de la Grande Guerre, les sexes ont été mobilisés dans « une stricte et traditionnelle subordination » [4]. Lire la suite