[Les poèmes qui suivent viennent du Québec et sont signés Jay Dionne. Je les publie ici avec son autorisation et je l’en remercie. Les illustrations ont été ajoutées par moi.]
[Le compte-rendu qui suit est tiré du n°4 de la revue : Behigorri. Le sommaire de la revue est en bas de page. Merci pour l’aimable autorisation à reproduire ce texte.]
« Il n’existe pas de ''sans voix''. Il n’y a que des personnes délibérément réduites au silence ou que l’on préfère ne pas entendre. » – Arundhati Roy (2004)
Anthropocène ? Capitalocène ? Mégalocène ? On ne compte plus les néologismes pour nommer les destructions écologiques en cours. Autant de -cène que de Homo, cette humanité civilisée qui se rêve et se prétend sapiens, mais qui est, selon les auteurs, bien plus oeconomicus, theologicus, ludens, faber, ethicus, ou detritus…
Nommer les choses et les phénomènes n’est pas un acte anodin. Nommer nous situe dans le monde, socialement, moralement et matériellement. Nommer est la première étape pour identifier ce que les opprimé.es doivent combattre. Définir le plus précisément possible ce que nous souhaitons dénoncer ou défendre, nous permet de comprendre les différents mécanismes de la domination et les causes du désastre écologique. Les mots mûrement réfléchis mettent à nu les désirs de révolte ou de domination qui sous-tendent une pensée. C’est pour cela que toute autrice qui se préoccupe d’écologie et de justice sociale doit porter son regard sur le monde depuis celles et ceux qui sont exploité.es, animales humaines et non humaines. La réalité de toute société est à la fois matérielle et symbolique. Décrire clairement le système économique capitaliste, système puissamment idéologique, permet de rendre visible les violences et destructions quotidiennes dont il se nourrit pour le porter à notre jugement moral.
Dans son essai Résistances des femmes à l’Androcapitalocène. Le nécessaire écoféminisme, publié chez M Éditeur, Catherine Albertini commence par expliquer les raisons pour lesquelles « Androcapitalocène » lui semble être le mot le plus adapté pour nommer la période actuelle. Le préfixe « andro- » met en évidence le fait que la destruction en cours « n’est pas neutre du point de vue du genre ». Elle est le fait du genre masculin, c’est-à-dire d’hommes qui sont socialisés pour valoriser la concurrence, le pillage, le viol, la domination, l’hégémonie. Des hommes qui sont socialisés pour mépriser les qualités attribuées aux femmes. Le genre féminin, dans lequel sont socialisées les filles dès leur plus jeune âge, enferme les femmes dans une position masochiste et sacrificielle. Si elles veulent être aimées, les filles doivent correspondre aux qualités attribuées au féminin, à « La femme » douce, passive, généreuse, empathique, coquette, serviable, soumise. Cette socialisation binaire des sexes participe à la mise en place et au maintien d’un système économique qui lui ressemble en tout point : le capitalisme.
Ne laissons pas les ultra-riches et leurs multinationales détruire la planète
Cet été nous avons vécu une succession de catastrophes climatiques : canicules, sécheresses extrêmes, mégafeux. Les restrictions d’eau ont touché l’ensemble du territoire. Orages, tornades, inondations ont également causé des dégâts parfois mortels.
Dans le même temps, nous avons assisté, avec colère, à l’indécence des ultra-riches. Bernard Arnault (LVMH), Vincent Bolloré, Martin Bouygues, François Pinault (Kering) ou Patrick Pouyanné (Total) ont multiplié les trajets de loisir ou de confort dans leur jet privé ou leur méga-yacht, et, en pleine pénurie d’eau, des dérogations ont permis l’arrosage des golfs.