Archives du mot-clé Parentalité

Encore plus d’inégalités et de risques pour les femmes et les enfants victimes de violences

Contre la proposition de loi relative à l’autorité parentale et à l’intérêt de l’enfant N°1856

*

Est-ce une méconnaissance de la situation des victimes de violences conjugales ou les enfants victimes de violences intra familiales? Nous ne savons plus quoi penser des propositions législatives qui se penchent sur le sort des familles séparées. Une fois encore, ce texte a été rédigé dans la rapidité, (déposé le 1er avril, il sera examiné en première lecture à l’Assemblée Nationale le 19 mai), sans prendre en compte les urgences de terrain rapportées par les associations féministes depuis des années maintenant, et sans prioriser les garde-fous pour les victimes de violences conjugales et leurs enfants.


Les associations signataires, indiquent leur ferme opposition au texte proposé par les député-e-s Bruno LE ROUX, Marie-Anne CHAPDELAINE, Erwann BINET, Barbara POMPILI, François de RUGY, Véronique MASSONNEAU, et l’ont fait savoir lors de récentes audiences, ainsi qu’au Ministère des Droits des Femmes, au Secrétariat d’Etat à la famille et à la Délégation des Droits des Femmes à l’Assemblée Nationale.fnsf-logo3919-small


Nous demandons à Mesdames et Messieurs les Sénatrices et Sénateurs , à Mesdames et Messieurs les député-e-s et au gouvernement de ne pas acter ce texte qui est contraire aux préconisations de la Convention d’Istanbul (Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique) que la France est en passe de ratifier. Il vient en particulier en contradiction avec son article 31 qui préconise une législation plus protectrice pour les victimes de violences au sein des couples et leurs enfants.
Lire la suite

Démystifier le Mouvement de Défense Des Hommes

[La traduction suivante a été effectuée par la collective Tradfem, avec l’autorisation de l’auteur, Owen Lloyd. Afin d’exporter la pertinence de son texte à la France, Tradfem a ajouté des données dans les notes de bas de pages.]

*

mens-rights-activists2

Les militants des droits des hommes: Des hommes qui se plaignent de problèmes causés par d'autres hommes et qui rejettent la responsabilité sur le féminisme d'une façon ou d'une autre.
*

Ce qui suit est une réponse à une liste de propos et arguments classiques présentés par les activistes des droits des hommes.

*

    1 . LE SUICIDE : le taux de suicide des hommes est 4,6 fois plus élevé que celui des femmes. [26 710 hommes pour 5 700 femmes, selon le Département Health & Human Services]

Ce n’est pas faute d’avoir essayé : les femmes tentent de se suicider trois fois plus souvent que les hommes 1. Les chercheur-es ont constaté que la socialisation différente des sexes est l’explication la plus pertinente du succès relatif des hommes dans leurs tentatives de suicide. Aux États-Unis par exemple, il a été démontré que les tentatives de suicide non-abouties sont considérées comme « féminines » alors que les réussites sont considérées comme masculines. En d’autres termes, la peur d’être étiqueté « féminin » ou « faible » dans une culture de suprématie masculine encourage les hommes à s’assurer que leurs tentatives aboutissent2. La statistique donnée ici masque aussi que beaucoup de ces « suicides » étaient en fait des meurtres-suicides. Aux États-Unis, on estime que 1.000 à 1.500 personnes meurent dans des attaques-suicides de ce genre chaque année3. Plus de quatre-vingt dix pour cent des criminels sont des hommes ; presque toutes les victimes sont des femmes4.

*

    2 . L’ESPÉRANCE DE VIE : l’espérance de vie des hommes est de 7 ans inférieure à celle des femmes [les hommes : 72,3 ans ; les femmes : 79 ans, selon le National Center for Health Statistics], et ils reçoivent seulement 35 % des dépenses publiques de soins et de frais médicaux.

Voilà une curieuse déclaration. Si les femmes vivent 7 ans de plus que les hommes, il devrait être évident qu’elles reçoivent plus d’aide de soins : car les personnes les plus âgées sont celles qui ont le plus besoin d’être prises en charge par la collectivité, et les personnes les plus âgées sont majoritairement des femmes. Par ailleurs, le secteur des assurances fait payer chaque année 1 milliard de dollars de plus aux femmes pour accéder à l’assurance maladie, pour les mêmes niveaux de couverture que ceux reçus par les hommes5, et jusqu’à 53 % de plus pour le même régime de protection individuelle6, malgré une meilleure santé globale des femmes, et en dépit du fait que leur revenu est 23 % inférieur à celui des hommes7.

*

    3 . LA GUERRE : les hommes sont quasi-exclusivement les seules victimes des guerres. [Les pertes au Vietnam : 47 369 hommes contre 74 femmes, selon le Département Défense]

La première chose à dire, c’est que si les appelés envoyés dans les guerres d’agressions impériales peuvent être parfaitement appelés « victimes », ils sont alors victimes de ceux qui sont responsables des guerres dans lesquelles ils se sont battus. Et ceux qui sont responsables sont des hommes. Tous les présidents et vice-présidents ont été des hommes. Tous les membres du bureau de l’état major ont été des hommes. Les deux branches du Congrès ont toujours été dominées par les hommes. Les sondages réalisés depuis le Vietnam montrent que ce sont les hommes qui ont soutenu ces derniers pour entrer en guerre, et qu’ils sont les plus enclins à soutenir les guerres en cours8. A chaque niveau d’analyse, ce sont des hommes qui sont responsables des guerres, et blâmer de quelque manière les femmes pour les morts au front est non seulement ridicule, mais aussi insensé. Si nous voulons mettre fin à ces morts, nous devons arrêter ceux qui en sont responsables : les hommes politiques, les militaires, les entrepreneurs de guerre, et les propagandistes qui les perpétuent. Lire la suite

Pirouettes rhétoriques, concepts farfelus, inversion des rôles, travestissement des réalités, et toujours le refus de l’égalité

[Voici plus bas, la recension du livre Contre le masculinisme, écrit par le collectif Stop masculinisme et dont j’avais déjà annoncé la sortie il y a quelques semaines.  Je remercie Didier Epsztajn pour tout son travail.]

Voici un petit livre qui mériterait une très large diffusion. Bien écrit, bien argumenté, sans simplisme ni évitement de questions dérangeantes, les auteur-e-s nous proposent des analyses et des contre-arguments face aux écrits et actions des masculinistes, de ceux qui refusent l’égalité réelle entre les êtres humains. Ces masculinistes entendent défendre leurs privilèges de dominants, les privilèges des hommes, dans les rapports sociaux de sexe (système de genre, patriarcat).couv Lire la suite

Le 2ème livre chez Bambule : CONTRE LE MASCULINISME – guide d’autodéfense intellectuelle.

Par le collectif Stop masculinisme

Des hommes divorcés, perchés en haut d’une grue, qui se disent lésés par une justice qui  leur confisquerait leurs enfants ; des associations défendant les hommes battus et criant à la manipulation des chiffres sur les violences conjugales ; des groupes de parole destinés à des hommes en perte de repères et en quête d’une nouvelle identité masculine.
« Droits des pères », « violences et discriminations à l’encontre des hommes », « crise de la masculinité », tels sont les thèmes chers aux masculinistes. Associations, psychologues, militants, figures médiatiques ou simples quidams, ils sont un certain nombre à affirmer qu’aujourd’hui ce sont les hommes qui souffrent, qu’ils sont victimes des femmes qui auraient pris le pouvoir, des féministes qui seraient allées trop loin, bref d’une société «matriarcale ».couv
Adeptes de la victimisation et de l’inversion des rôles, les masculinistes militent pour la défense de l’ordre patriarcal et des privilèges masculins. Leur idéologie s’inscrit dans un contexte politique réactionnaire où l’on voit se renouveler les formes de la domination masculine. Lire la suite

Les coûts subjectifs et objectifs de la masculinité : le point de vue des masculinistes (et des féministes)

[Depuis plusieurs mois en France, une offensive masculiniste est en cours. Les militants qui la dirigent tentent de se structurer aussi bien au niveau national qu’international, cherchant des rapprochements avec par exemple Fathers 4 justice.https://i0.wp.com/pur-editions.fr/couvertures/1332768665.jpg

L’article qui suit est extrait du livre Boys don’t cry ! publié en 2012 aux Presses Universitaires de Rennes.  Il me parait utile et urgent de le diffuser car il traite entre autres de l’une des plus anciennes associations masculinistes françaises: SOS Papa.

Je remercie beaucoup Anne Verjus pour son travail et son accord pour mettre à disposition cet article.]

 Les coûts subjectifs et objectifs de la masculinité : le point de vue des masculinistes (et des féministes)

par Anne Verjus

Le « coût de la masculinité » peut s’entendre de deux manières. C’est ce qu’on appellerait, en latin, un génitif. Or, il existe dans cette langue comme dans la langue française, un génitif objectif et un génitif subjectif.

Le génitif objectif correspond au coût produit par la masculinité. Ici, le coût est un effet « annexe » d’une masculinité approchée comme une construction, divisible entre la part d’humanité de l’homme et des comportements potentiellement modifiables. On peut donc comprendre « coût » comme un coût objectif, une invitation à observer autrement les rapports sociaux de sexe, non plus seulement à partir du coût de la domination masculine sur/pour les seules femmes, mais pour la société tout entière. Cela permet d’éviter de laisser une revendication féministe à vocation universaliste, humaniste, c’est-à-dire valable pour tous les individus, s’enfermer dans des problématiques sexualistes (corporatistes). On peut classer, parmi ces coûts objectifs, des comportements à risque, tels que l’alcoolisme, le tabagisme, la violence conjugale, la vitesse au volant, etc., qui sont des effets directs d’une certaine culture de la virilité encore largement partagée. Personne, sauf certains industriels, n’est prêt à défendre ce type de « coût objectif ». Il n’en va pas de même des coûts subjectifs.

Le génitif subjectif s’applique aux coûts subis par la masculinité, qui serait coûteuse en soi et non pas pour la société. Ici, il s’agirait du coût que représente, pour un homme, le fait d’être porteur de certaines valeurs en décalage avec les représentations dominantes. Ici, le coût est le sujet et la masculinité devient l’objet. On peut classer, parmi ces coûts subjectifs, la stigmatisation à l’endroit de la culture viriliste accusée d’occasionner des coûts objectifs exorbitants à la société ; mais aussi l’insuffisante valorisation de certains aspects de cette masculinité, parmi lesquels la capacité des hommes à prendre en charge, concrètement, l’éducation et l’élevage des enfants. Pour les militants porteurs de revendications dites « masculinistes », ce coût subjectif non seulement rend la condition de certains pères difficile à vivre, mais représente également un coût objectif pour la société. Celle-ci ne saurait, sous peine de se priver d’une moitié d’elle-même, se passer de l’implication des pères dans l’éducation et la formation des enfants. Il y aurait donc un coût du coût, un coût objectif des coûts subjectifs, c’est-à-dire des conséquences et un « prix à payer », pour la société, d’une non reconnaissance de la souffrance et des difficultés à être un homme, et en particulier un père, aujourd’hui.

Cette question du coût de la masculinité fait partie du répertoire de revendications, tant masculinistes que féministes, en faveur d’une plus grande égalité entre les parents. Lire la suite