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Lettre ouverte à Madame Anne Hidalgo, maire de Paris

Madame la maire,

Marina Ovsiannikova est la journaliste russe qui, le 14 mars 2022, soit vingt jours après l’invasion russe de l’Ukraine, a brandi une pancarte en direct pendant le journal télévisé, avec ce message :

« Non à la guerre. Arrêtez la guerre. Ne croyez pas à la propagande. Ici on vous ment. Russes contre la guerre. »

Le 15 mars, le président Macron lui a offert l’asile politique en France. 

Condamnée à une amende et laissée en liberté en attendant son procès, elle a continué à manifester son opposition à cette guerre.

Le 10 août, elle a été arrêtée. Elle risque dix ans de prison. Nous savons dans quelles conditions d’arbitraire se déroulent les procès dans la Russie de Poutine. 

Madame la maire, nous vous demandons d’afficher le portrait de Marina Ovsiannikova sur la façade de l’Hôtel de Ville de Paris, comme vous l’avez fait pour d’autres personnes persécutées.

Avec nos sentiments respectueux,

Catherine Deudon, cosignataire des Chroniques du sexisme ordinaire et auteur photographe de Un mouvement à soi et Florence Montreynaud, historienne

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Genre, guerre et désavantage masculin

 

Par Michael Flood et David Duriesmith, 21 juillet 2017.

Les militants masculinistes se plaignent que la guerre est la source d’un grand désavantage pour les hommes. Ils citent les taux plus élevés de conscription masculine et le nombre important de décès et blessés chez les hommes soldats comme des exemples imparables du désavantage des hommes par rapport aux femmes. Mais cette analyse est biaisée.

Oui, un grand nombre d’hommes et de garçons sont tués et blessés à la guerre. Ils sont majoritairement envoyés au combat par d’autres hommes. Les hommes plus que les femmes soutiennent les guerres. Et la masculinité traditionnelle a été primordiale dans les justifications données à la guerre. Ce sont les hommes, pas les femmes, qui ont empêché ces dernières de les rejoindre dans les postes militaires et de combat. Les féministes et les mouvements des femmes ont joué des rôles clés dans la dénonciation des guerres et du militarisme. En définitive, les conséquences globales de la guerre, du conflit et de leurs répercussions sont plus lourdes pour les femmes que les hommes.

Plus précisément :

1. Dans l’immense majorité des cas, les hommes et les garçons sont envoyés à la guerre par d’autres hommes, pas par des femmes. En particulier parce qu’une grande majorité de chefs d’États, dirigeants politiques et militaires sont des hommes.

– Alors que, statistiquement, les femmes cheffes d’États ne vont pas moins à la guerre que leurs homologues masculins, les sociétés qui ont autorisé le vote des femmes depuis deux fois plus longtemps que les autres ont cinq fois plus de chances de résoudre un désaccord international pacifiquement (Caprioli, 2000). De la même façon, les États ayant un plus petit pourcentage de femmes élues au parlement ont significativement plus de chances de résoudre les désaccords internationaux par la guerre (Caprioli, 2000) (une baisse de 5 % de la participation des femmes dans un parlement multiplie par cinq les chances qu’un État use de violence militaire pour résoudre les désaccords).

2. Plus généralement, les hommes sont des soutiens plus enthousiastes à la guerre et au militarisme que les femmes.

– Il existe une différence de genre vis à vis de la guerre : le soutien des femmes à la guerre est systématiquement plus bas que celui des hommes, tout particulièrement lorsque l’on compare la perception des femmes et des hommes pour des guerres ou des interventions militaires précises (Brooks & Valentino, 2011 ; Eichenberg, 2003, 2007 ; Wilcox, Hewitt & Allsop, 1996). Lire la suite