Archives pour la catégorie Communiqué

Osez le féminisme ! « Propagande pro-stérilisations à Mayotte »

Propagande pro-stérilisations à Mayotte, en pleine pénurie de pilules abortives : une politique française coloniale et misogyne !

Manifestation du collectif HIMA, collectif de jeunes femmes comoriennes de différents horizons qui  ont décidé de se lever pour les droits des  femmes comoriennes.

Régime d’exception néocolonial : promotion des stérilisations à Mayotte, dissuasion des femmes en métropole

Dans la plupart des départements français, essayer d’obtenir une ligature des trompes est un parcours de la combattante. Mais pas à Mayotte, où l’Etat français martèle une très ancienne inversion perverse coloniale consistant à dire aux personnes racisées qu’elles seraient trop nombreuses et qu’elles en seraient coupables. Le directeur de l’ARS de Mayotte, Olivier Brahic (formé à l’École de guerre), a ainsi déclaré vouloir “proposer” une stérilisation par ligature des trompes aux femmes, à l’hôpital, dans les PMI et chez les sages-femmes. Dans les faits, être une femme mahoraise face au pouvoir médical – très majoritairement accaparé par des blancs venus de métropole – dans un espace durablement broyé par les politiques coloniales françaises, c’est déjà subir des contraintes écrasantes. 

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Zéromacho : Action #89 — 12 avril 2023 — Le 17e passe à l’orange

Le 17e arrondissement de Paris bat un triste record : il compte 49 prétendus « salons de massages » asiatiques (sur 341 dans tout Paris) qui sont en réalité des lieux de prostitution, avec des esclaves sexuelles pour la plupart victimes de la traite des femmes.

Cette activité illégale a pignon sur rue et fait même de la publicité, avec des flyers sur les pare-brise !

Dans la nuit du 12, à Paris 17e, des activistes de Zéromacho et de L’Amazone Paris ont taggé un slogan en orange fluo sur le trottoir devant ces 49 salons :

« C’est combien ? — 1 500 € d’amende ! »

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Féministes en colère : 64 ans c’est NON ! 43 annuités c’est NON !

Oser présenter cette réforme comme plus juste pour les femmes comme l’a fait le gouvernement relève d’une instrumentalisation des droits des femmes et d’une grave malhonnêteté.

Inutile, inégalitaire, injuste et brutal, le projet de contre-réforme des retraites tend à aggraver la situation déjà très inégalitaire dont les femmes font aujourd’hui les frais.

Nous nous opposons au report de l’âge légal à 64 ans et l’augmentation plus rapide que prévu de la durée de cotisation à 43 ans.

Les femmes subiront bien plus que les hommes les conséquences de ces deux modifications, ce que finalement des membres du gouvernement reconnaissent et assument ! La majorité d’entre elles devront, encore plus qu’aujourd’hui, travailler tard pour des pensions d’un niveau faible.

Les discriminations sexistes au travail, l’inégalité du partage des tâches domestiques et d’éducation des enfants liée à une société encore patriarcale, ont comme conséquence des temps partiels contraints, des carrières hachées, des retraites amputées, les femmes subissant aussi la décote mise en place en 2003. Le gouvernement assène contre-vérités sur contre-vérités sur la situation des femmes. Les chiffres sont là !

Elles ont un salaire inférieur en moyenne de 22% à celui des hommes.

Elles sont majoritaires dans les emplois socialement utiles (assistance à la personne, soins, santé, ménage, caissières, éducation.…) mais dévalorisés et mal rémunérés. Horaires atypiques, interruptions de carrière, temps partiel, salaires trop bas constituent le lot de nombreuses femmes.

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Communiqué de presse : La Grande Cause définitivement classée sans suite ? 

Nos associations, le Collectif Féministe Contre le Viol, Osez le Feminisme!, l’Association européenne contre les Violences faites aux Femmes au Travail (AVFT), Du Côté des Femmes, En Avant Toute(s), Fédération Nationale Solidarité Femmes (FNSF) et la Fondation des Femmes, ont découvert via un article du Journal Du Dimanche l’existence d’une dépêche interministérielle en direction des procureurs de la République, qui aurait débouché sur des classements sans suite massifs et un déni de justice pour des milliers de victimes.

Un classement sans suite désigne l’arrêt d’une procédure judiciaire consécutive à une plainte. C’est le procureur de la République qui en prend la décision. Dans une dépêche de mai 2021, il a été demandé d’accélérer le classement sans suite de nombreuses plaintes pour désengorger les commissariats et services d’enquêtes.

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Lettre ouverte à Madame Anne Hidalgo, maire de Paris

Madame la maire,

Marina Ovsiannikova est la journaliste russe qui, le 14 mars 2022, soit vingt jours après l’invasion russe de l’Ukraine, a brandi une pancarte en direct pendant le journal télévisé, avec ce message :

« Non à la guerre. Arrêtez la guerre. Ne croyez pas à la propagande. Ici on vous ment. Russes contre la guerre. »

Le 15 mars, le président Macron lui a offert l’asile politique en France. 

Condamnée à une amende et laissée en liberté en attendant son procès, elle a continué à manifester son opposition à cette guerre.

Le 10 août, elle a été arrêtée. Elle risque dix ans de prison. Nous savons dans quelles conditions d’arbitraire se déroulent les procès dans la Russie de Poutine. 

Madame la maire, nous vous demandons d’afficher le portrait de Marina Ovsiannikova sur la façade de l’Hôtel de Ville de Paris, comme vous l’avez fait pour d’autres personnes persécutées.

Avec nos sentiments respectueux,

Catherine Deudon, cosignataire des Chroniques du sexisme ordinaire et auteur photographe de Un mouvement à soi et Florence Montreynaud, historienne

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Martin Dufresne : Quand PIVOT pivote…

[Juste en dessous, un petit « coup de gueule » de mon ami Martin.]

La revue PIVOT nous a servi cette semaine la nouvelle version d’un procédé récent qui s’assimile à une censure, soit une campagne de pression pour forcer une dramaturge à réécrire une pièce en réponse aux revendications d’un lobby. On note comme un goût de déjà-vu…

Dans ce cas-ci, ce sont des défenseurs de l’achat de sexe et du proxénétisme qui réclament de l’autrice Véronique Côté qu’elle modifie une pièce qui doit prendre l’affiche au Théâtre La Bordée de Québec dans un mois. La nouvelle pièce « La paix des femmes », un dialogue entre deux personnages aux opinions opposées, est accusée de ne pas soutenir suffisamment la thèse du Comité Autonome du Travail Sexuel (CATS), un groupe de pression qui exige la dépénalisation totale de l’achat de sexe et du proxénétisme au Canada.

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Un nouvel espoir pour Alexandra Richard !

Admise devant la Cour de Cassation, son affaire pourrait être rejugée à l’issue de la procédure Le pourvoi en Cassation formé par Alexandra Richard à la suite de son procès en appel, qui l’a condamnée à 10 ans de prison ferme en octobre 2021, a été accepté par la Cour de Cassation. Le rapporteur public considère que les questions posées sont inédites et qu’elles méritent d’être examinées. Nous y voyons un espoir que le déni de justice dont Alexandra Richard est victime soit enfin reconnu comme tel. 

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Michel Piron en garde à vue. Derrière Jacquie et Michel : un système organisé de proxénétisme et de viols.

[communiqué de presse d’Osez le féminisme !]

Nous nous réjouissons d’apprendre que Michel Piron, propriétaire de Jacquie et Michel, et quatre complices, sont actuellement en garde à vue pour des faits de proxénétisme, complicité de viols et d’agressions sexuelles. L’impunité des pornocriminels se fissure, et la justice écoute enfin les victimes. C’est toute l’industrie pornographique qui est dorénavant face à la justice : acteurs, rabatteurs, producteurs, réalisateurs, diffuseurs constituent un véritable système proxénète et criminel. Nous exigeons que cesse cette zone de non-droit qu’est la pornographie.

En 2020, Osez le Féminisme, les Effrontées, et le Mouvement du Nid ont fait des signalements contre Jacquie et Michel pour proxénétisme, viols, traite des êtres humains et actes de torture et de barbarie, suite à l’enquête du journaliste Robin d’Angelo, qu’il relate dans “Judy, Lola, Sofia et moi”, et dans la vidéo-enquête sur Konbini de février 2020. Dans cette vidéo, l’un des fondateurs de ARES, la société propriétaire de Jacquie et Michel déclarait à propos de leurs méthodes de rabattage : “En France, (…) c’est interdit. C’est du proxénétisme. De toute façon, si tu trouves une fille, on met un truc qui n’a rien à voir (…) pour ne pas s’attirer les foudres”. La défense de Piron qui consiste à dire qu’il n’était pas au courant des violences commises sur les tournages est intenable alors que ce sont les diffuseurs qui commandent ces contenus violents et dégradants aux producteurs. Le “porno amateur” est un vaste mensonge. Seul existe un système de proxénétisme organisé. Les pénétrations sexuelles obtenues sous contrainte, les violences sexuelles et les actes de torture infligés, les manipulations commises contre des femmes rabattues et piégées, les diffusions incontrôlées des vidéos sont la norme de cette industrie criminelle. 

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Osez le féminisme ! : L’industrie pornocriminelle cible les enfants et la justice abdique ! (Communiqué de presse)

Malgré la loi qui l’interdit, l’industrie pornocriminelle cible les enfants, les conditionne à l’érotisation de la violence sexuelle, à la culture du viol, à la haine des femmes, à la haine raciale, en toute impunité. L’ARCOM a saisi le 8 mars 2022 la justice qui vient ce 24 mai de refuser le blocage de cinq sites pornographiques pourtant mis en demeure de vérifier l’âge des internautes. La Justice a fait primer les intérêts des pornocrates et des “consommateurs” de pornographie sur les droits fondamentaux et l’intégrité psychique et physique des enfants. 

La star Billie Eilish a déclaré avoir visionné du porno dès l’âge de 11 ans, et que cela avait “détruit son cerveau”. Au moment d’entrer dans la sexualité, “dévastée” par la pornographie, elle n’a pas réussi à refuser des pratiques violentes non désirées et reste hantée par des cauchemars, conséquences traumatiques de son exposition précoce à des violences sexuelles pornographiques. 

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Pour que le #MetooSyndical s’amplifie !

Pour que le Metoo syndical s’amplifie !

Une militante syndicale vient de déposer plainte contre un syndicaliste de la CGT pour « viol, agression sexuelle, torture et actes de barbarie ». Nous sommes bouleversées. Nous pensons à elle, sa force, son courage et à ses soutiens. Nous lui adressons notre solidarité sans faille face à ces faits gravissimes et aux pressions exercées contre celles qui voudraient s’exprimer. Nous sommes disponibles pour toutes actions en soutien de la camarade victime, à partir de son rythme et de sa volonté.

Les mandats confédéraux de cet homme ont été suspendus par la commission exécutive confédérale (CEC) de la CGT le 22 février 2022. Nous saluons la réactivité de cette mesure mais cela ne suffit pas. La suspension de ses mandats confédéraux n’a pas fait l’unanimité avec 1 vote contre et 3 abstentions. Les syndicalistes qui ne votent pas de mesures conservatoires pour protéger de toute forme de représailles, la victime, et les syndiqué.es qui vont devoir continuer de les côtoyer, sont les complices des agresseurs et de l’impunité dont ils bénéficient.

Nous espérons qu’une enquête interne menée par la cellule de veille de la CGT permette d’avancer dans la connaissance des faits, du passif de ce « militant » pour prendre les décisions définitives qui s’imposent. Dans le communiqué du 28 février 2022, l’Union départementale 94 ose le maintenir dans ses mandats locaux. Pour nous, il n’est pas possible de s’en rendre à la justice de Dupond-Moretti et la police de Darmanin, membres d’un gouvernement dont nous combattons les politiques libérales et liberticides et représentants d’une justice patriarcale qui tranche rarement en faveur des victimes de violences sexuelles. Cette décision est une nouvelle agression pour la victime et toutes celles et ceux qui se battent dans la CGT et dans les autres syndicats pour stopper ces violences où qu’elles soient commises (travail, syndicat, vie conjugale…).

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Osez le féminisme ! (Communiqué de presse)

Osez le féminisme ! fait 200 signalements de vidéos illégales sur des sites pornographiques
Le 21 janvier 2021, Osez le féminisme ! a procédé à 200 signalements sur le site du ministère de l’Intérieur PHAROS. Les vidéos signalées sont des contenus illégaux hébergés par des sites pornographiques : actes de torture et de barbarie, incitations à commettre des crimes et des délits, pédocriminalité, viols, apologie de la haine raciale. Ces images intolérables contreviennent au droit pénal et international mais restent accessibles à toutes et à tous sur Internet.  Engagée depuis plus de 10 ans contre le système pornocriminel, l’association Osez le féminisme ! est partie civile dans ce qui se profile comme un procès historique en matière de violences sexistes et sexuelles avec 50 victimes identifiées, dont une trentaine bénéficient d’un accompagnement juridique, social et psychotraumatique par l’association, et potentiellement 500 hommes mis en cause. L’affaire “French Bukkake” a déjà un impact inédit avec 4 producteurs et 4 “acteurs” mis en examen en octobre 2021. Pour autant, les avancées restent trop timides au regard des dégâts considérables causés par l’industrie pornocriminelle.  La pornographie est une indutrie internationale multimiliardaire qui repose sur des activités illégales et sert d’alibi à des violences et humiliations extrêmes contre les filles et les femmes les plus vulnérables (femmes en situation de précarité économique, victimes de violences sexuelles, filles et femmes en zone de catastrophes humanitaires, etc.). Le consentement de ces femmes est extorqué, les vidéos des violences sexuelles qu’elles ont subies sont postées sur Internet, elles subissent des humiliations à grande échelle qui ont des conséquences physiques et psychologiques catastrophiques (prolapsus anaux et vaginaux, tentatives de suicide, brûlures, hospitalisations, etc.). Alors que ces réalités sont bien connues, les pouvoirs publics refusent de prendre leurs responsabilités. L’hégémonie et l’impunité des grandes entreprises productrices de contenus pornographiques reste immense : les victimes ont beau se tourner vers les autorités compétentes comme la CNIL, les vidéos postées sans leur accord restent en ligne et continuent de détruire leur vie.  Dans le même temps, l’impact sur la société toute entière est frappant. L’exposition des jeunes à ces contenus (l’âge moyen du premier visionnage d’une video  pornographique en France est situé entre 13 et 14 ans d’après l’IFOP) a des répercussions sur leur développement et la construction de leurs modèles sexuels, des comportements violents sont banalisés et reproduits, des crimes sont normalisés et érotisés. Nous dénonçons un deux poids deux mesures scandaleux : les vidéos que nous avons signalées sont de nature à susciter l’indignation dans n’importe quel contexte. Or, lorsqu’il s’agit de pornographie – et donc prétenduement de sexualité – tout semble devenir acceptable. Nous refusons cette hypocrisie coupable. Violence et sexualité ne doivent pas être mélangées, une ligne nette doit être tracée pour la protection de tou.te.s.  Osez le féminisme !, à travers la dénonciation de milliers de vidéos illégales dans 200 signalements sur le portail PHAROS, appelle le ministère de l’Intérieur à se saisir sérieusement du sujet des violences perpétrées et légitimées par le système pornocriminel.   
Osez le féminisme !

Tribune féministe : ce que nous n’acceptons plus dans le milieu militant

Cette tribune s’adresse en priorité aux femmes et aux minorités de genre. Les hommes alliés féministes peuvent nous soutenir en diffusant dans leurs réseaux. 

De l’humour sexiste nous assignant à notre genre à ces gestes imposés à nos corps, en passant par le piétinement de notre parole, la mixité est encore trop souvent, dans les espaces militants, une lutte dans la lutte. 

Aucun espace de notre vie n’est épargné par ces violences sexistes et sexuelles : dans nos familles, avec nos ami·e·s ou encore au travail, nous, les femmes y sommes confrontées. C’est épuisant. Nous le savons, aucun espace n’est vierge de rapports de pouvoirs, en particulier dans le cadre d’un système politique et économique capitaliste qui promeut la domination patriarcale. Or, minimiser ces rapports de domination ou les nier, c’est les accepter. Il est donc nécessaire d’interroger la manière dont le pouvoir est conçu et confisqué dans nos organisations politiques, syndicales ou associatives. Cette loi du plus fort que nous dénonçons dans la société, devons-nous la subir aussi dans nos organisations ? 

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Non, on ne peut pas être « féministe » et agresser des survivantes de la prostitution et des féministes le 8 mars. Par Osez le féminisme (communiqué de presse)

Lors des manifestations autour du 8 mars, à Tours, Montpellier, Toulouse, Paris, des survivantes de la prostitution et des féministes ont été insultées, menacées, agressées, leurs pancartes arrachées. C’est inadmissible !

Des “féministes” adoptent les stratégies des agresseurs et agressent dorénavant d’autres féministes. Nous connaissons bien ces stratégies contre lesquelles nous nous mobilisons lorsque nous soutenons toutes les victimes de violences sexistes et sexuelles. Mais, comment supporter que des féministes soient désormais les cibles de ces mêmes violences commises par des personnes qui se déclarent féministes ?

Les violences s’aggravent de manifestation en manifestation. Cela a commencé avec des bousculades. Les pancartes qui dénonçaient la violence de la prostitution étaient violemment arrachées et dégradées.  D’autres violences ont suivi, dans plusieurs villes, à Toulouse, Marseille, Paris, Strasbourg en 2019, puis en 2020, des manifestantes bousculées et attaquées, des rassemblements féministes perturbés, des campagnes virulentes en ligne, de la diffamation ou encore des appels au viol et au meurtre. Lire la suite

Osez le féminisme ! Communiqué de presse : La justice complice du sexisme d’Etat !

La justice complice du sexisme d’Etat ! 

par Osez le féminisme !   (appel à don en fin de communiqué)

Lundi 18 janvier 2021, la justice a rejeté notre appel estimant que la mairie de Béziers n’avait eu, avec ses affiches banalisant les violences contre les femmes, “aucun message à connotation sexiste”… comme dans l’affaire de Dannemarie. Le fait que ces images, qui renforcent les stéréotypes sexistes et les violences contre les femmes, soient promues par des institutions publiques est encore plus révoltant, et contraire au principe constitutionnel d’égalité femmes-hommes qu’elles sont censées défendre. Nous irons en Cour de Cassation pour demander justice !
Les représentations sexistes dans l’espace public portent atteinte à notre dignité, elles créent un environnement hostile, elles ancrent et naturalisent les stéréotypes et participent au continuum des violences ! L’image des femmes revêt un enjeu politique fondamental et conditionne l’égalité réelle.

L’image sexiste des femmes est souvent exploitée à des fins mercantiles. Encore plus inacceptable, les stéréotypes sexistes sont parfois exploités par des maires, agent.es de l’Etat, à des fins de communication publique. On peut parler de sexisme d’Etat. De nombreux exemples peuvent être cités, mais les associations féministes ont décidé de réagir plus particulièrement contre deux campagnes de communication de 2017 :

La Commune de Dannemarie, une institution publique donc, avait planté en 2017 dans toute la ville des silhouettes de femmes, hypersexualisées, dans des postures empruntées à la pornographie. Elles étaient couchées dans des positions lascives, cuisses écartées, toutes extrêmement minces. Elles s’adonnaient à des activités telles que le shopping, le striptease, le retrait de maillot ou le léchage de babines. Ces silhouettes présentaient aussi des femmes par les parties sexualisées de leurs corps ou en les symbolisant par des objets stéréotypés, comme la chaussure à talon.

A Béziers, le maire avait banalisé et instrumentalisé deux féminicides dans les campagnes incriminées. Dans un cas, une femme était étranglée par un homme, dans l’autre elle était maintenue sur les rails d’un train à l’approche.

Nos associations ont donc saisi le juge administratif et invoqué notamment la violation du principe de dignité humaine et le principe à valeur constitutionnelle d’égalité entre les femmes et les hommes. Elles ont argumenté que les maires et l’Etat ne jouissent pas de la liberté d’expression (et a fortiori à la provocation) au même titre que les citoyen.nes ou la presse. Au contraire, les institutions publiques doivent activement œuvrer à l’égalité femmes-hommes et donner l’exemple. Nous refusons qu’une institution publique montre aux femmes et aux petites filles une projection caricaturale de ce qu’une société patriarcale attend d’elles, ou banalise les violences contre elles. À quoi servent toutes les actions menées par les politiques publiques contre le sexisme et les stéréotypes, si une ville peut décider d’aller à contre sens dans ses communications officielles ?

Malheureusement, pour Dannemarie en octobre 2020, et pour Béziers le 18 janvier 2021, les requêtes des associations ont été rejetées, même en appel, par l’unique motif péremptoire que les campagnes ne seraient pas sexistes selon les magistrats ! 

Alors que la société se réveille suite à la vague Meetoo et initie une révolution des consciences, alors que les nouvelles générations reprennent les luttes féministes anciennes et affirment l’importance de dire, de nommer, de dénoncer les violences contre les femmes et les enfants disséminées partout dans la société, la justice quant à elle reste sourde… elle se braque et, ce faisant, rompt avec la société !

Pire, alors que les institutions internationales, l’ONU, le Conseil de l’Europe s’efforcent de faire de la lutte contre le sexsime une priorité absolue, conscientes des incidences et des répercussions majeures qu’elles ont, les juridictions administratives, garantes de l’Etat de droit, résistent !

Le Conseil de l’Europe a pourtant précisé le sens juridique du sexisme au terme d’une recommandation de 2019 qu’il considère comme une discrimination faite aux femmes. Il insiste sur le concept de « continuum des violences », à savoir que la violence symbolique (image de violence contre les femmes diffusée et banalisée par la culture et la communication) facilite et fait le terreau des agissements sexistes : violences notamment. Ainsi la recommandation précise que : “Notant que le sexisme constitue une entrave à l’émancipation des femmes et des filles, qui sont affectées de manière disproportionnée par les comportements sexistes; et notant également que les stéréotypes et préjugés de genre intrinsèques façonnent les normes, le comportement et les attentes des hommes et des garçons, et sont ainsi à l’origine des agissements sexistes”

En dépit de ces affirmations claires, les juges restent dans le déni, assènent des poncifs archaïques, valident le sexisme d’Etat et les privilèges d’un temps révolu.

L’Etat de droit ne doit pas oublier 50% de l’humanité ! Le sexisme est grave et mortel, il est contraire à la constitution, il est contraire à notre socle de valeurs et de droits !

NOUS CONTINUERONS À LUTTER CONTRE LE SEXISME ET CONTRE LES VIOLENCES MASCULINES

Nous réclamons l’instauration d’une loi anti-sexiste qui permettrait d’empêcher l’affichage dans l’espace public d’images faisant l’apologie des violences faites contre les femmes, et constituant un appel à la haine et au meurtre des femmes… En 2019, 152 femmes sont mortes tuées par leur conjoint ou ex-conjoint !

Nous continuerons à nous mobiliser. Dans l’affaire de Dannemarie, comme dans celle de Béziers, nous irons en Cassation devant le Conseil d’Etat, pour que le sexisme d’Etat cesse et que le principe d’Égalité entre les femmes et les hommes, consacré dans le marbre de la constitution, ne restent pas un droit théorique. 

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Osez le féminisme ! : Pornocriminalité – Pornhub, « Jacquie et Michel », Dorcel, la fin de l’impunité

 

Alors qu’aux Etats-Unis et au Canada, PornHub, l’un des géants du système pornocriminel est ébranlé, suite à la publication d’un article fouillé du New-York Times, nous demandons que des mesures soient prises en France, où les deux plus grandes plateformes de contenus pornocriminels “Jacquie et Michel” et “Dorcel” sont visées, directement ou indirectement par des enquêtes judiciaires.
Une enquête sur PornHub parue dans le New-York Times le 4 décembre dernier met en lumière ce que nous dénonçons depuis longtemps : le site diffuse des vidéos de viols, de viols pédocriminels, de torture de femmes inconscientes, étouffées avec des sacs plastique… Comme nous l’avons expliqué dans notre campagne contre la pornocriminalité sur les réseaux sociaux, les contenus pornographiques sont misogynes et le plus souvent racistes, lesbophobes, pédocriminels et incestueux. Lire la suite

#JusticepourJulie par Osez le féminisme !

#JusticepourJulie : Refus par la justice de requalifier en viols les violences sexuelles criminelles commises par 20 pompiers contre Julie. 

Ça vous indigne ? Alors interpellez le gouvernement pour dénoncer la justice patriarcale.

Julie[1] avait 13 ans lorsque les violences sexuelles ont commencé. Elle était sous lourd traitement médicamenteux et faisait des crises de tétanie justifiant l’intervention de pompiers à son école. Ces derniers étaient donc au courant de son âge, de son traitement, de son état de santé et de sa vulnérabilité. Elle a été violée en série et parfois en réunion pendant 2 ans, jusque dans l’hôpital pédopsychiatrique dont elle était patiente. L’instruction a duré 10 ans, 10 ans au cours desquels les pompiers militaires ont continué leur vie tranquillement, 10 ans au cours desquels Julie, au fond du désespoir, a fini par faire des tentatives de suicide. Sur les 20 pompiers ayant violé Julie, 17 ne sont même pas mis en examen. 3 sont poursuivis pour « atteinte sexuelle ».

Cette affaire scandaleuse vient seulement quelques jours après la décision de la Cour de cassation[2] du 14 Octobre 2020 qui valide l’utilisation du critère de la profondeur de la pénétration pour déterminer si le fait pour un homme de lécher le sexe de sa belle-fille constitue ou non un viol, alors même que la loi ne mentionne en aucun cas ce critère.

Si, aujourd’hui, ces enfants ne sont pas reconnues par la justice française comme des victimes de viols, alors qu’est ce qu’un viol ? Le viol existe-t-il seulement en droit ? Ou bien les critères pour le qualifier sont-ils si restrictifs qu’ils excluent 99 pourcent des situations vécues par les victimes ? Et si tel est le cas, peut-on encore parler de justice ?

Les plaintes pour violences sexuelles augmentent[3], mais la justice, elle, ne suit pas. Alors que le nombre de condamnations pour viol a chuté de 40 pourcent en 10 ans[4], l’impunité reste tristement la règle. D’après le Haut Conseil à l’Egalité Femmes-Hommes, environ 1 victime de viol sur 10 porte plainte et seule 1 plainte sur 10 aboutit à une condamnation, soit 1 pourcent.

L’impunité est encore plus forte en matière de viols sur mineur.es où cette fois, 0,3 pourcent des viols font l’objet d’un procès aux assises[5]. L’un des moyens utilisés par la justice pour nier l’existence des viols sur mineur.e.s est de ne pas tenir compte de leur parole en partant du principe qu’il n’est pas possible de s’y fier. Il est fréquent que l’enfant victime ne soit pas entendue en procédure Mélanie (audition filmée en présence d’un pédopsychiatre) ou bien qu’aucun examen ne soit effectué par un.e légiste. Tout un arsenal existe pour nier la parole des enfants victimes : le syndrome des faux souvenirs, le syndrome d’aliénation parentale, le concept de conflit parental… Ces théories servent de protection aux pédocriminels.

En France, la pédocriminalité est protégée de manière institutionnelle et systémique. Il est demandé aux filles et aux femmes de faire confiance en un système qui ne fonctionne pas, un système qui trahit les victimes et protège les agresseurs. Il faut que cela cesse !

Osez le Féminisme ! réclame  :

  • L’instauration d’un seuil d’âge en dessous duquel un.e enfant est présumé-e ne pas avoir consenti à une relation sexuelle avec un majeur. 
  • Le renforcement de la protection des mineur.e.s contre l’inceste en prévoyant qu’un acte sexuel commis sur un.e mineur.e par une personne ayant autorité parentale est présumé ne pas avoir été consenti.
  • La redéfinition du viol dans le Code Pénal en adéquation avec la Convention d’Istanbul ratifiée par la France mis non respectée[6]. La définition du viol doit se placer du point de vue des victimes et non plus des agresseurs. Ce qui compte, c’est l’absence ou la présence d’un consentement libre et positif, non pas l’intention de l’agresseur ou la profondeur de la pénétration.

Il est grand temps que soient reconnues les conséquences terribles du viol et de la pédocriminalité sur des centaines de milliers de filles et de femmes qui, dans 99 pourcent des cas, n’obtiendront jamais justice ; parce qu’elles auront trop peur de porter plainte ou qu’elles le feront après les délais de prescription, parce que les crimes qu’elles ont subis seront déqualifiés, parce qu’elles seront considérées comme consentantes selon des critères irréalistes, parce que leurs plaintes seront classées sans suite ou qu’un non-lieu sera prononcé, parce que leur parole ne sera pas entendue ou pas crue ou pas suffisamment prise au sérieux. Parce qu’en France, en 2020, il y a toujours un permis de violer. #JusticepourJulie #JusticepourL

Il est grand temps que le système judiciaire et la société toute entière prennent la mesure de leurs responsabilités et corrigent un système coupable.  

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Osez le féminisme : Mise en examen de 4 pornocriminels (communiqué de presse)

Alors que quatre pornocriminels sont mis en examen pour « viol, proxénétisme aggravé et traite d’être humain aggravé », nous espérons qu’il s’agit là du point de départ de la fin de l’impunité des violences misogynes, pédocriminelles, lesbophobes et racistes du système porno-criminel.

Nous apprenons dans 20 minutes que quatre pornocriminels, dont Mathieu Lauret, alias Mat Hadix, et Pascal Aullitraut, alias Pascal OP, ont été mis en examen pour viols, proxénétisme aggravé et traite d’être humain aggravé. Deux sont aujourd’hui en détention provisoire, deux sont sous contrôle judiciaire. Pascal Aullitraut est également poursuivi pour « blanchiment de proxénétisme aggravé et blanchiment de fraude fiscale » ainsi que pour « travail dissimulé »

Ceci intervient seulement un mois après l’ouverture d’une enquête à l’encontre de « Jacquie et Michel » pour proxénétisme aggravé et viols par le parquet de Paris suite à nos signalements. Nous nous félicitons du fait que la justice commence à écouter, enfin, les très nombreuses victimes de l’industrie pornographique et à condamner les violences inhérentes à celle-ci.

Dans cette deuxième affaire, tous les individus mis en examen travaillent pour l’entreprise « Jacquie et Michel » et/ou l’entreprise Dorcel, qui sont les deux leaders dans l’ “industrie pornographique” française, avec des dizaines -voire des centaines- de millions de vues. En particulier, Mathieu Lauret, dit Mat Hadix, est décrit par le milieu comme “le parrain”, principal producteur de « Jacquie et Michel », qui va même jusqu’à représenter l’entreprise à la place de Michel Piron, le PDG de « Jacquie et Michel », dans les médias. Il produit également trois vidéos par mois pour Dorcel, et multiplie les labels, alimentant toutes les plateformes pornographiques. Lire la suite

Osez le féminisme ! : Des femmes, des survivantes de la prostitution, agressées lors des manifestations du 8 mars !

Osez le Féminisme ! dénonce fermement les violences contre des militantes féministes dont 3 survivantes de la prostitution, au sein même des manifestations le 8 mars pour la journée internationale de lutte pour les droits des femmes. Menaces de mort, violences physiques, arrachage de pancartes et de banderoles… les “pro-prostitution” redoublent de violences, pour confisquer la parole des survivantes qui témoignent héroïquement des violences prostitutionnelles subies. 

  • À Toulouse, une survivante d’inceste et de prostitution, a été attaquée par 3 personnes pour lui arracher sa pancarte abolitionniste.
  • A Paris, 15 personnes organisées ont arraché et volé une banderole, et ont frappé violemment des militantes féministes abolitionnistes, dont une survivante de la prostitution et de viols pédocriminels. Elles ont déposé plainte et passé la nuit aux urgences.

« Tout s’est passé très vite. J’ai vu arriver en courant, derrière mon amie, une quinzaine de personnes vêtues de noir. Elles ont crié « c’est là, c’est elles ! ». Mon amie s’est pris un coup de pied dans le dos et s’est effondrée par terre. On nous a arraché notre banderole. J’ai voulu me relever pour la retenir, mais une femme m’a frappée au visage. S’en est suivi une mêlée, je prenais des coups sans savoir si j’avais une, deux ou trois personnes sur moi. J’ai repris mes esprits maintenue au sol, dans une flaque, par l’un des CRS qui a stoppé l’agression. D’autres amies du collectif qui se trouvaient un peu plus loin avaient suivi la scène, choquées. Quelqu’un est venu leur demander « C’est ici l’assaut contre les abolos ? » [1]

  • À Marseille, une bénévole du Mouvement du Nid a été menacée, et sa pancarte brutalement arrachée et détruite.
  • À Bruxelles, des militantes ont été menacées par des  « morts aux fachos ! mort aux abolos ! ».
  • À Barcelone, des féministes abolitionnistes ont été attaquées violemment ainsi qu’à Lisbonne, Caracas (Venezuela), Monterrey et Puebla (Mexique), tout comme à Berlin.

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Osez le féminisme: Grenelle des violences masculines : Le Gouvernement passe à coté de l’urgence de la situation

 

 

 

 

Samedi 23 Novembre 2019, 150 000 personnes dans la France entière sont descendues dans les rues pour dénoncer les violences masculines contre les filles et les femmes. Cette mobilisation féministe historique témoigne d’une prise de conscience et d’un recul de la tolérance de la société envers ces violences. 

1% des violeurs condamnés, 0,4% des pédocriminels… L’impunité des agresseurs en France reste aujourd’hui quasiment totale. En matière de féminicides, le rapport de l’Inspection générale de la Justice relatif aux féminicides, rendu public le 17 Novembre dernier par la Ministre de la Justice Nicole Belloubet, énonce que dans 65% des cas les services de police avaient déjà connaissance de faits de violences conjugales subis par la victime. Dans le même temps 80% des plaintes pour violences conjugales sont classées sans suite…

Osez Le Féminisme ! dénonce les dysfonctionnements dans le système pénal, les politiques publiques insuffisantes et un manque criant de budget pour répondre aux exigences et à l’urgence de la lutte contre les violences masculines contre les filles et les femmes.  Lire la suite

NON, MERCI !

Lettre ouverte d’hommes adressée aux membres du Conseil constitutionnel

 

NON, MERCI !

Nous, les hommes, ne tenons pas du tout

à nous voir reconnu un statut d’agresseur sexuel.

Mesdames et Messieurs les membres du Conseil constitutionnel, vous allez examiner une Question prioritaire de constitutionnalité visant à abroger la pénalisation des clients-prostitueurs prévue par la loi du 13 avril 2016, c’est-à-dire à rendre de nouveau légal l’achat d’actes sexuels.

Nous, les hommes, sommes l’immense majorité des clients de la prostitution. Avant la loi « visant à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel et à accompagner les personnes prostituées », nous jouissions librement et sans complexes du droit, contre paiement, de disposer sexuellement de personnes dites prostituées. C’est ce même droit que certains voudraient aujourd’hui graver dans le marbre constitutionnel au nom de curieux principes : est-ce à dire que nos éventuelles difficultés sociales ou relationnelles, nos fantasmes, nos pulsions prétendument irrépressibles, ou notre simple statut d’homme nous autoriseraient à louer un être humain, le plus souvent une femme, sans aucune considération pour elle et pour son propre désir ?

Ce privilège archaïque nous permettant de contraindre une personne à un acte sexuel contre de l’argent, nous n’en voulons pas !  Lire la suite

Tribune des hommes solidaires de #MeToo

paru dans Le Monde le 30/01/2018

Ni haine des hommes ni puritanisme, #MeToo, c’est la vraie libération sexuelle !

Des millions de femmes courageuses et solidaires ont initié, porté et relayé dans des dizaines de pays le mouvement #MeToo. Ce raz de marée mondial, dont l’ampleur et l’écho sont sans précédent dans l’histoire, constitue une chance unique de refonder les relations entre les femmes et les hommes. Inévitablement, et comme tous les mouvements d’émancipation des femmes, il suscite en retour un contre-mouvement qui met son point d’honneur à le caricaturer, le réduire ou le dénigrer : à entendre certain.e.s, #MeToo mettrait en danger la liberté sexuelle et serait l’expression d’une haine des hommes. En tant qu’hommes, nous jugeons donc le moment venu d’exprimer notre solidarité avec ce mouvement de libération de la parole des femmes, de révolte contre les violences sexuelles et sexistes, et de dénonciation des privilèges et abus masculins.

Peut-on regarder la réalité telle qu’elle est ? Notre société reste, dans tous les domaines de la vie privée et publique -politique, médiatique, culturelle, sportive, économique-, profondément inégalitaire. L’écart salarial entre les femmes et les hommes est encore de 20%. Les femmes consacrent deux fois plus de temps que les hommes aux tâches domestiques et aux enfants. A elles les temps partiels imposés, le plafond de verre et le plancher collant, les images médiatiques dévalorisantes… Consciemment ou inconsciemment, les hommes entretiennent ces inégalités, et tous, il faut le dire, en ont au moins bénéficié.

Pour autant, tous les hommes ne sont pas des harceleurs, des agresseurs ou des violeurs. Et c’est pourquoi, a minima, il nous semble urgent que le plus grand nombre possible d’hommes se désolidarisent dès aujourd’hui des auteurs de violences sexuelles et sexistes et s’engagent publiquement en soutien au mouvement #MeToo. Si nous prenons la parole, c’est pour exprimer notre souhait que ce mouvement continue de s’amplifier et qu’il transforme plus profondément encore la société. Car il est peut-être l’impulsion décisive dont nous avons tant besoin pour délivrer les relations femmes-hommes des carcans et des rôles codifiés.

Pour cela, il faut d’abord s’opposer à une réaction récurrente : celle qui consiste à attaquer les efforts légitimes de lutte contre les violences sexuelles et sexistes au prétexte qu’ils mettraient en danger la « liberté sexuelle ». Lire la suite

Refuser la connivence et la léthargie masculines

Nous vivons dans un système qui banalise et protège les violences masculines. Les hommes, quelle que soit leur particularité, ont appris à les exercer, à s’en servir et à bénéficier du rapport qu’elles génèrent. Allons-nous continuer à agir ainsi ?

Nous savons que les « blagues » sexistes nous permettent de poser nos marques et d’évaluer la résistance présente. Nous savons nous dédouaner, nous trouver des allié-es, des circonstances atténuantes, etc. Et nous savons très bien reconnaître les dépassements des limites en nous ou chez les autres hommes : les regards que nous imposons, la répétition de « propositions sexuelles » (vraiment pas insistantes), la mauvaise foi sur les intentions réelles, cette facilité avec laquelle nous imposons notre toucher lubrique (la cuisse ou la main qui se rapproche d’autrui lentement si discrètement), le marchandage pour obtenir du sexe, de l’attention ou de l’intimité, etc. 

Qu’importe que certains hommes n’utilisent pas les poings ou le feu, nous savons aussi rabaisser, pister dans la rue, ou simplement ignorer les femmes. Et c’est en connaissance de cause que les hommes agissent ainsi : pour garder ou asseoir le pouvoir, glorifier son ego, lire son journal tranquille, ou s’accorder entre potes devant le foot, ou n’importe quel autre concert de virilité. 

Certains d’entre nous voudrions nous penser égalitaristes ou progressistes quand nos propres actes sont des menaces, voire des agressions. Il faut que cela cesse. Il est urgent de mettre notre quotidien en conformité avec nos aspirations d’égalité et de justice et d’utiliser notre pouvoir autrement que pour le consolider. Lire la suite

CLASCHES: Halte à l’inertie de l’université en matière de harcèlement sexuel ! (un communiqué)

[Je reproduis ici le communiqué diffusé hier, avec l’autorisation du CLASCHES. Merci]

Il y a un peu plus de 10 ans, des étudiant.e.s mettaient en cause M. Daniel Welzer-Lang, alors maître de conférences en sociologie, pour des faits de harcèlement sexuel commis à leur encontre. Alertée, la présidence de l’Université Toulouse Le Mirail s’était abstenue de diligenter une enquête et, a fortiori, de prononcer une sanction disciplinaire adéquate[1]. Ce refus de réagir a pour conséquence, aujourd’hui encore, de stigmatiser et sanctionner les personnes qui ont dénoncé les faits.

L’inertie de l’institution a ainsi d’abord permis, malgré les accusations formulées, la nomination de M. Welzer-Lang à un poste de professeur de sociologie fléché « Rapports sociaux de sexe – Travail, genre et sociétés » en 2005. L’obtention de ce poste « genre » permet au mis en cause de paraître encore plus irréprochable (comment un chercheur sur le genre pourrait-il être l’auteur de harcèlement sexuel ?) et jette le discrédit sur les victimes.

L’inertie de l’institution pénalise également les victimes et leurs soutiens : M. Welzer-Lang porte plainte pour diffamation contre l’Association Nationale des Etudes Féministes (ANEF) et de l’Association contre les Violences faites aux Femmes au Travail (AVFT), qui avaient publiquement dénoncé sa nomination, en faisant valoir les nombreux témoignages d’étudiant.e.s dont elles étaient dépositaires. Si, en 2007, le Tribunal de Grande Instance de Toulouse déboute M. Welzer-Lang de sa plainte[2], le message est clair : l’absence de traitement de ces accusations par l’université encourage à maintenir le silence sur les faits dénoncés.L’inertie de l’institution a enfin des effets durables sur les victimes et leurs soutiens : en 2015, M. Welzer-Lang préside le comité de sélection d’un poste de maître.sse de conférences en 19e section intitulé « Inégalités, discriminations, genre ». Outre la cynique ironie de l’histoire, cette situation met en lumière les intolérables conséquences de l’absence de traitement de la question du harcèlement sexuel dans l’enseignement supérieur : les victimes et personnes ayant dénoncé les faits qui sont aujourd’hui candidates à un poste de maître.sse de conférences doivent choisir entre renoncer à candidater ou être évaluées par la personne qu’elles accusent ! L’institution ne pourrait plus clairement décourager les victimes de dénoncer leurs agresseurs.

Nous dénonçons cette situation incompatible avec les règles élémentaires qui doivent prévaloir pour le recrutement d’un.e fonctionnaire, a fortiori dans un contexte de pénurie de postes.

 Nous dénonçons ce système qui protège les personnes accusées de harcèlement sexuel et stigmatise davantage les victimes en empêchant leur recrutement.

Face à cette situation, nous exigeons la suspension de la procédure de recrutement jusqu’à la formation d’un nouveau comité de sélection excluant M. Welzer-Lang et les personnes qui le soutiennent explicitement.
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CLASCHES, Collectif de lutte anti-sexiste contre le harcèlement dans l’enseignement supérieurclasches-logo

ANEF, Association nationale des études féministes

logo-anef-association-nationale-des-etudes-feministes

AVFT, Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail

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EFiGiES, Association de jeunes chercheuses et chercheurs en études féministes, genre et sexualités

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ANCMSP, Association nationale des candidats aux métiers de la science politique


[1]                [1] Cf. communiqué de l’Association contre les Violences faites aux Femmes au Travail (AVFT) : http://www.avft.org/article.php?id_article=309

[2]                [2] D. Weltzer-Lang est débouté aussi bien au motif de la bonne foi que du vice de forme. Voir http://www.avft.org/article.php?id_article=310

 

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