Archives du mot-clé harcèlement sexuel

Sophie Péchaud : « Comme un poisson dans l’eau… d’un bocal »

[Article reproduit avec l’aimable autorisation de l’autrice.]

Depuis 1985, date de la création de l’AVFT et même bien antérieurement à celle-ci, nulle autre période que l’épidémie de Covid n’a eu un impact aussi fort sur l’organisation du travail et le quotidien des travailleuses. Du jour au lendemain, la très grande majorité des Françaises et des Français a été contrainte de modifier en profondeur sa façon de travailler et ses interactions avec le monde extérieur : collègues, supérieurs, patron.ne.s, prestataires, client.es.
La pratique du télétravail, assez peu répandue avant mars 2020 est devenue la norme pour toutes les professions qui pouvaient être « dématérialisées », alors que les secteurs du soin, de la santé, de l’hôtellerie, du ménage, surreprésentés par les femmes -et dans lesquelles les violences sexuelles au travail sont très importantes- ont été encore plus durement touchés par la crise sanitaire.

Si la hausse des violences conjugales pendant la période du covid a été rapidement documentée face à l’augmentation massive des signalements [1] , une semaine à peine après la date du premier confinement, l’impact du covid sur les violences sexistes et sexuelles au travail est toujours un angle mort.

Pendant le premier confinement de mars 2020, l’activité de l’AVFT n’a pas cessée, l’accueil téléphonique a été maintenu sans interruption. Même si le nombre de saisines de l’association par les victimes de violences sexuelles au travail a baissé pendant cette première période, il a augmenté considérablement à l’approche du déconfinement puis dans les mois qui ont suivi. Nous avons alors reçu plusieurs témoignages de femmes pour qui la crise sanitaire a eu un effet sur les VSS au travail qu’elles subissent ou subissaient.

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Harcèlement sexuel environnemental, honte sur la direction du CHU (de Rennes)

[l’article qui suit est tiré du journal du syndicat Sud Bifisud n°52 (janvier 2022)]

Depuis plusieurs années, le syndicat SUD interpelle la direction au sujet des fresques de l’internat qui s’étalent sur des dizaines de mètres carré. Rien ne bouge. Le sexisme qui s’y dégage et auquel est confronté quotidiennement le personnel ne dérange pas la direction, bien que cette dernière ait une obligation de protection des salarié-es, et malgré l’affichage d’une charte contre le sexisme.
Sur les murs de l’internat de Pontchaillou la misogynie, la culture du viol, les violences sexuelles et le culte du phallus, sont l’environnement quotidien des gens qui y travaillent ou viennent y manger. On y voit Bridget Jones prise par Terminator, on y voit une femme ligotée façon sadomasochisme être le marteau dans un lancer de marteau, on y voit des scènes de zoophilie, de sexe à caractères racistes, et des graffitis obscènes comme « Un cul comme ça je le bourre », ou encore « Tu peux te vider dans la petite et la rousse te nettoie la bite ». Et ainsi de suite, tout cela sur des dizaines et des dizaines de mètres.
Il s’agit à la longue d’un contexte évident et caractérisé, de harcèlement sexuel environnemental, juridiquement injustifiable. Que ces fresques datent de plusieurs années importe peu, car elles participent du présent où les violences masculines sont courantes. Par ailleurs, que soient invoquées les dépenses qu’occasionnerait leur effacement est ridicule. Oui, la protection comme la santé du personnel coute de l’argent. Qualifier ces fresques d’érotique montre combien les imaginaires sexuels sont biberonnés au culte du porno et du phallus. Rien ne bouge.
Ces fresques sont une honte pour les professionnel-les de santé qui portent les valeurs de l’hôpital public. Mais la honte revient aujourd’hui à la direction qui laisse se perpétuer depuis des années le sanctuaire d’une « culture carabine » imbibée de la culture du viol. Son immobilisme avéré est affligeant et choquant. Signer une charte contre le sexisme est une chose, mais agir avec volontarisme en est une autre. Nous n’exigeons pas des mots mais des actes, sur ce sujet comme sur d’autres, en matière de protections des agents dans leur environnement de travail.
Une visibilité publique à grande échelle de ces fresques risque de porter un discrédit de plus sur une direction en flagrant délit de contradiction. Pour plus d’informations sur des pratiques d’un autre temps qui ne devraient plus exister aujourd’hui, « Silence sous la blouse » l’excellent ouvrage de Cécile Andrzejewski (éditions Fayard).

Un autre article ici : https://basta.media/fresques-pornographiques-CHU-Rennes-harcelement-sexuel-salle-de-garde-internes-hopital-public