Archives du mot-clé Féminisme

Le genre au travail. Avant-propos « Les femmes en première ligne face au covid-19 »

Si la rédaction de cet ouvrage est bien antérieure à la crise du covid-19, il nous est néanmoins apparu essentiel en préface d’évoquer cette pandémie tant la crise sanitaire et le confinement ont été des miroirs grossissants des inégalités de genre. Au niveau mondial, l’épidémie a fortement touché les femmes : leur exposition au virus a été plus forte, leur niveau de vie a baissé et leur quantité de travail domestique a augmenté, tout comme les violences conjugales dont elles sont victimes1. Elles ont donc été plus que jamais en première ligne, tant sur le front du travail que sur le plan de la vie familiale.

Les métiers féminisés en première ligne2

Partout, chaque soir à 20  heures, on a applaudi les professions en première ligne face au coronavirus, tout en oubliant dans un premier temps que ces métiers étaient très fortement exercés par des femmes : des infirmières (87% de femmes), des aides-soignantes (91%), des aides à domicile et des aides ménagères (97%), des agentes d’entretien (73%), des caissières et des vendeuses (76 %), des enseignantes (71 %). Or toutes ces professions, dont l’utilité sociale est incontestable, sont invisibles et dévalorisées, au regard de leur diplôme et du travail effectué. Ces métiers se sont construits autour de compétences présumées naturelles des femmes. Ils sont moins bien couverts par les conventions collectives, moins bien définis dans les classifications et donc moins bien rémunérés, sous prétexte qu’il ne s’agirait pas de « vrais métiers ». Toutes ces professions, y compris dans la fonction publique, sont caractérisées par une détérioration de leurs conditions de travail, des amplitudes de carrières faibles, ainsi qu’une dévalorisation symbolique et salariale, renforcée par des années de restriction budgétaire dans les services publics de santé ou d’éducation.

Il aura fallu la crise du covid-19 pour que le président de la République annonce une prime exceptionnelle pour les agents de la fonction publique hospitalière et l’engagement qu’« un plan massif d’investissement et de revalorisation des carrières serait construit pour notre hôpital ». Lire la suite

Chers hommes : alors vous pensez vraiment avoir envie d’une « femme forte et indépendante ».

Écrit par le Dr Jessica Taylor, le 4 janvier 2020

 

Ce blog est écrit pour les hommes, s’adressant directement aux hommes. Aux hommes qui s’intéressent aux femmes (hétérosexuelles ou bisexuelles).

Plus précisément encore, les hommes qui disent avoir envie d’une femme forte et indépendante. Les hommes qui trouvent sexy les femmes puissantes et déterminées.

Les hommes qui écrivent sur les forums qu’ils recherchent des femmes qui s’assument financièrement, qui ne « les dépouilleront » pas et qui ont leur propre carrière et leur propre pensée.

Les hommes qui disent aimer une femme intelligente et éduquée parce qu’elles sont « fougueuses ». Wouah.

Ça vous ressemble ? Ça vous rappelle un homme que vous connaissez ?

Il y a certaines choses que vous devez savoir avant de partir à la recherche de femmes qui se démerdent toutes seules. Si vous consultez tout ce blog et que vous pensez toujours pouvoir être un bon partenaire pour la « femme forte et indépendante » que vous recherchez, alors c’est bon, allez-y.

Cependant, si ce blog vous met mal à l’aise ou vous met en colère, vous devriez peut-être réévaluer vos choix et considérer que vous ne ferez pas un bon partenaire pour une femme déterminée. Vous devriez même vous demander si vous n’idéalisez pas les femmes ou si vous n’espérez pas les contrôler.

J’aimerais croire que c’est une évidence, mais internet me prouve sans cesse que j’ai tort, alors voilà :

Nombre des points que je soulève dans ce blog concernent toutes les femmes. Respectez toutes les femmes. Je ne saurais trop insister sur ce point. Ces « femmes fortes et indépendantes » qui vous intéressent ne sont pas du tout supérieures aux autres femmes et leur valeur n’est pas plus grande.

 

Les femmes indépendantes n’ont pas besoin de vous

Le point le plus important avec lequel vous devez être rapidement super à l’aise est que la « femme forte et indépendante » dont vous avez envie n’a en fait pas besoin de vous pour quoi que ce soit. Elle n’a pas besoin de vous pour mener sa vie. Elle n’a pas besoin que vous la sauviez. Elle n’a pas besoin d’être ensevelie sous les cadeaux ou les compliments. Elle n’a pas besoin de vous pour se protéger. Elle n’a pas besoin de vous pour subvenir à ses besoins.

Non, elle n’a pas besoin de vous. Par contre, elle s’intéresse à vous.

Chercher un-e partenaire est différent d’avoir besoin d’un-e partenaire. Les femmes qui vous intéressent n’ont pas besoin de vous parce qu’elles sont déjà autonomes. Si vous cherchez une femme à réparer, à sauver, à entretenir et à contrôler, vous devez vous regarder en face et chercher à comprendre pourquoi vous voulez être un dominant dans vos relations au lieu d’être un égal. Lire la suite

Osez le féminisme ! : Des femmes, des survivantes de la prostitution, agressées lors des manifestations du 8 mars !

Osez le Féminisme ! dénonce fermement les violences contre des militantes féministes dont 3 survivantes de la prostitution, au sein même des manifestations le 8 mars pour la journée internationale de lutte pour les droits des femmes. Menaces de mort, violences physiques, arrachage de pancartes et de banderoles… les “pro-prostitution” redoublent de violences, pour confisquer la parole des survivantes qui témoignent héroïquement des violences prostitutionnelles subies. 

  • À Toulouse, une survivante d’inceste et de prostitution, a été attaquée par 3 personnes pour lui arracher sa pancarte abolitionniste.
  • A Paris, 15 personnes organisées ont arraché et volé une banderole, et ont frappé violemment des militantes féministes abolitionnistes, dont une survivante de la prostitution et de viols pédocriminels. Elles ont déposé plainte et passé la nuit aux urgences.

« Tout s’est passé très vite. J’ai vu arriver en courant, derrière mon amie, une quinzaine de personnes vêtues de noir. Elles ont crié « c’est là, c’est elles ! ». Mon amie s’est pris un coup de pied dans le dos et s’est effondrée par terre. On nous a arraché notre banderole. J’ai voulu me relever pour la retenir, mais une femme m’a frappée au visage. S’en est suivi une mêlée, je prenais des coups sans savoir si j’avais une, deux ou trois personnes sur moi. J’ai repris mes esprits maintenue au sol, dans une flaque, par l’un des CRS qui a stoppé l’agression. D’autres amies du collectif qui se trouvaient un peu plus loin avaient suivi la scène, choquées. Quelqu’un est venu leur demander « C’est ici l’assaut contre les abolos ? » [1]

  • À Marseille, une bénévole du Mouvement du Nid a été menacée, et sa pancarte brutalement arrachée et détruite.
  • À Bruxelles, des militantes ont été menacées par des  « morts aux fachos ! mort aux abolos ! ».
  • À Barcelone, des féministes abolitionnistes ont été attaquées violemment ainsi qu’à Lisbonne, Caracas (Venezuela), Monterrey et Puebla (Mexique), tout comme à Berlin.

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En finir avec la culture du viol – un livre de Noémie Renard

Un livre à lire.

Préface de Michelle Perrot, historienne et professeure émérite d’histoire contemporaine à l’université Paris-Diderot :
« Ce livre paraît au bon moment. D’une actualité brûlante, il propose une réflexion fondamentale pour nourrir les débats qui parcourent notre société. »

En France, chaque année, entre 60 000 et 100 000 femmes sont victimes de viol ou de tentative de viol. Environ 16 % des Françaises ont subi une telle agression au cours de leur vie. Et les viols ne représentent que la partie émergée d’un iceberg : celui des violences sexuelles. Chaque jour, que ce soit à la maison, au travail ou dans la rue, des femmes sont agressées sexuellement ou harcelées. Ces violences ont des conséquences graves : elles minent la confiance et limitent la liberté par la peur qu’elles instaurent. Elles constituent une atteinte aux droits et à la dignité des personnes et consolident la domination masculine. Lire la suite

« Le déguisement des mots et les mots aiguisés pour euphémiser les réalités » par Didier Epsztajn

[Alors que l’ouvrage Manuel de grammaire non sexiste et inclusive – le masculin ne l’emporte plus !  va paraître tout prochainement chez Syllepse, les deux auteur-es  -Lessard M. & Zaccour S. –  viennent de faire publier au Québec un Dictionnaire critique du sexisme linguistique dont voici une recension.]

« La langue française est truffée de sexisme. Elle porte en elle l’héritage d’une histoire marquée par la domination des hommes. Elle a été sculptée, structurée, modelée, réglementée par les hommes au travers des époques où les femmes étaient tenues à l’écart de la littérature, des institutions linguistiques et de l’espace public ».

Des mots comme affront, des mots insultes, des locutions utilisées couramment dans l’oubli de leurs sens réels, des mots pour l’ornement et la maternité, des mots invisibilisant les violences faites aux femmes. Une invitation à tourner sept fois sa langue avant de parler, « Parler féministe, c’est l’activisme de chaque instant », à se réapproprier un langage en respect des autres, des femmes.

Mais une langue reste malléable, en constante évolution. Donc susceptible d’une transformation démocratique.

« À vous de vous approprier ces connaissances, de faire vôtres nos colères, de vous attaquer à votre tour à l’injustice en refusant de participer au sexisme linguistique. À vous d’accorder vos paroles à la mélodie de vos valeurs. »

Quelques mots comme entrées : Abus, Blonde, Bon père de famille, Bouffe, Castration, Conquête, Délicate, Égalitarisme, Facile, Frigide, Gouine, Hystérique, Indisposée, Jacasser, Jouissive, Kilos, Lessivée, Mère, Nommer, Ornement, Prendre, Pro-vie, Querelle, Radicale, Sauvagesse, Suffixe, Tomber, Universel, Vache, Voile, Walkyrie, XY, Zone d’amitié. D’autres mots aussi, des exemples de l’ancrage profond du sexisme dans la langue. Lire la suite

« Merci Andrea Dworkin » par Mickey Z.

[Cet article, que je reprends du blog Tradfem, me sert ici à annoncer la publication prochaine d’une anthologie d’Andrea Dworkin – à la fois au Québec par Les éditions remue-ménage et par Syllepse pour la France : Souvenez-vous, résistez, ne cédez pas.]

Je suis une féministe, pas du genre fun.

(Andrea Dworkin)[1]

Par Mickey Z., initialement publié le 7 mai 2016 sur World News Trust

« Ce n’est que lorsque la virilité sera morte – et elle périra quand la féminité ravagée ne la supportera plus – alors seulement saurons-nous ce que c’est que d’être libre. » (Andrea Dworkin)[2]

En tant que personne qui a fui l’université pour plutôt entreprendre un long périple d’autodidacte radical engagé, je trouve tout à fait éclairant qu’il m’ait fallu aussi diablement longtemps pour enfin rencontrer le travail d’Andrea Dworkin.

La «gauche» parle souvent de la marginalisation des dissident.e.s, mais j’ai trouvé facilement et naturellement les écrits de Noam Chomsky, Assata Shakur, Howard Zinn, Guy Debord, Frantz Fanon, Arundhati Roy, Edward Said, Angela Davis, Emma Goldman, Ward Churchill, bell hooks, et beaucoup trop d’autres pour tous les citer ici. Par contre, il m’a fallu arriver en 2015 pour lire l’autobiographie de Dworkin,Heartbreak: The Political Memoir of a Feminist Militant – et il se trouve que c’est le livre le plus révolutionnaire que j’aie jamais lu. (Cela ne veut pas dire que je suis d’accord avec tout ce qu’elle a jamais écrit, alors svp abstenez-vous de tirer cet argument bidon éculé de votre vieux sac à malice.)

Ce n’est certainement pas une coïncidence si, depuis dix ou vingt ans, aucun de mes acolytes subversifs ne m’a jamais recommandé une pionnière féministe comme Dworkin. Plus je lis son travail et plus j’écoute son analyse sans compromis, plus je comprends pourquoi elle a été soit effacée soit diabolisée – par la culture dominante et par les gens de droite, bien sûr, mais avec tout autant de véhémence par les tenants de la soi-disant gauche. Peu importe les croyances politiques que l’on allègue, le patriarcat règne encore en maître.

« Le projet érotique commun de détruire les femmes permet aux hommes de s’unir en une fraternité; ce projet est la seule base ferme et fiable de coopération entre les hommes et toute solidarité masculine entre hommes est basée sur elle. » (Andrea Dworkin)[3] 

Dans un sens plus général, il est parlant d’assister au malaise palpable causé par mon évolution sans fin. Mais là encore, il est possible que des amitiés basées sur une idéologie partagée soient le plus souvent vouées à l’échec.

Cela dit, s’il vous plaît permettez-moi d’être clair : je suis (au mieux) un chantier en cours et je déplore profondément le temps qu’il m’a fallu pour mieux comprendre la puissance fondatrice du patriarcat. Je repense avec un profond regret à certaines des postures que j’ai assumées, aux publications et aux sites Web pour lesquels j’ai écrit, aux mouvements dans lesquels j’ai mis ma confiance, aux opinions que j’ai criées sur des estrades à travers tout le pays, aux ex-camarades que j’ai défendus, et aux livres que j’ai écrits (j’aimerais réellement les modifier ou les effacer, tous les 13!).

Je ressens de la honte, mais pas un sentiment de défaite. Je me nourris d’un intense désir de rattraper le temps perdu et de m’engager plus que jamais à identifier et à rejeter le conditionnement qui m’a formé/déformé. Pour renverser, comme Andrea nous y exhorte, ce qui doit être renversé.

J’ai un long, long chemin à parcourir et je trébucherai sans doute, mais, quoi qu’il en soit, je continuerai à faire de mon mieux pour vivre selon les principes que j’ai détaillés ici et ceux que de courageuses visionnaires comme Dworkin ont érigés. Je peux enfin voir que comme tout ce que font les femmes pour résister au patriarcat est retourné en pornographie, en marchandises et en armes utilisées contre elles, le changement doit commencer par nous, les hommes.

Comme je l’ai déjà écrit ici, si les hommes veulent se montrer à la hauteur des étiquettes dont ils se parent comme celles d’activiste, révolutionnaire, radical, allié et camarade, le chemin est clair. Nous sommes tenus de faire presque tout le travail initial, d’effectuer alors les plus grands changements et de prendre les plus grands engagements. Si nous nous soucions de justice et de libération autant que nous prétendons le faire, c’est dès maintenant qu’il faut nous regarder dans le miroir, nous interpeller l’un l’autre, laisser à la porte notre ego et notre programmation masculine, et faire ce qui nous semblent être d’importants sacrifices (conseil d’un pro : ils ne le sont pas tant que ça). Nous, les hommes, devons nommer le problème, encore et encore, jusqu’à ce que nous cessions d’être le problème et cessions de refiler le problème à la génération suivante.

« Les hommes qui veulent soutenir les femmes dans notre lutte pour la liberté et la justice devraient comprendre qu’il est pas terriblement important pour nous qu’ils apprennent à pleurer ; il est important pour nous qu’ils mettent fin aux crimes de violence commis contre nous. » (Andrea Dworkin)[4]

Post-scriptum : Pour ceux qui souhaitent découvrir le travail révolutionnaire d’Andrea Dworkin, je vous suggère humblement de commencer par l’autobiographie mentionnée ci-dessus. En outre, vous trouverez des fichiers PDF de tous ses livres ici et de nombreux enregistrements audio ici. Enfin (pour aujourd’hui), cedocumentaire de 47 minutes est un incontournable (avertissement de propos déclencheurs pour les survivant.e.s d’agression sexuelle).

« Si vous savez ce qui doit être renversé, renversez-le. » (Andrea Dworkin)

D’autres textes de Mickey Z. se trouvent ici.

Version originale : http://worldnewstrust.com/thank-you-andrea-dworkin-mickey-z

Traduction : Tradfem

[1] Citation tirée du roman Ice and Fire. (ndt)

[2] Discours « The Root Cause », Our Blood, 1976. (ndt)

[3] Discours « The Root Cause », Our Blood, 1976. (ndt)

[4] Discours « The Rape Atrocity and the Boy Next Door », dans Our Blood, 1976. (ndt)

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La barbe. (parution du livre)

La Barbe! Cinq ans d’activisme féministe

Préface de Christine Delphy. – Nombreuses illustrations en noir et blanc

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« AU PATRIARCAT, LES GRANDS HOMMES RECONNAISSANTS! » — « BRAVO MESSIEURS! » — « FEMMES SAVANTES, FEMMES BARBANTES »

Sous cette forme d’interpellation ironique et décalée, des militantes d’un autre genre, chœur de citoyennes affublées de barbes postiches, investissent depuis 2008 les lieux de pouvoir. Le but est clair: ridiculiser, en le rendant visible, l’entre-soi masculin qui s’y perpétue. Car derrière l’impertinence et la légèreté du ton, il y a colère, il y a révolte, face au scandale de la domination masculine dans les arts et la culture, l’économie, l’enseignement, la justice, les médias, l’humanitaire, la politique, les sciences, le sport… Lire la suite

Les femmes s’en vont en lutte !

Les femmes s’en vont en lutte ! Histoire et mémoire du féminisme à Rennes (1965-1985) en souscription jusqu’au 12 février 2014

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Présentation :
Aboutissement d’une recherche menée pendant près de 4 ans, Les femmes s’en vont en lutte ! Histoire et mémoire du féminisme à Rennes (1965-1985) se veut à la fois hommage aux militant.e.s des années 1960-1970-1980, outil de réflexion pour les féminismes contemporains et contribution à la recherche en histoire du féminisme et des mouvements sociaux.
Basées tant sur des témoignages d’actrices et d’acteurs des luttes pour l’égalité menées à Rennes pendant 20 ans que sur des archives, privées et institutionnelles, les analyses présentées montrent l’importante participation des Rennais.es aux luttes féministes et à la conquête de droits pour les femmes en France.
L’association Histoire du féminisme à Rennes :
Patricia Godard et Lydie Porée ont créé au printemps 2012 l’association Histoire du féminisme à Rennes pour accueillir leurs activités de recherche sur l’histoire des luttes féministes à Rennes de 1965 à 1985. L’association a pour objet d’écrire et de transmettre l’histoire des luttes féministes à Rennes, de favoriser les initiatives concourant à cette écriture et cette transmission, d’œuvrer à la constitution et à la valorisation de sources (archives, témoignages oraux…) sur l’histoire du féminisme à Rennes. L’association est féministe, c’est-à-dire qu’elle contribue à lutter contre les inégalités entre les femmes et les hommes. Lire la suite