La fin de la masculinité (extrait de l’intro au livre de Robert Jensen)

éditions Libre, 17€ (trad. Tristan Lefort-Martine, Pierre Peruch & Nicolas Casaux)

[merci au éditions Libre pour l’autorisation de répercussion sur le blog]

LA MASCULINITÉ

[Andrea et Jim]

« Sois un homme. »

Depuis leur plus tendre enfance, les hommes s’entendent sempiternellement répéter cet impératif simple. Généralement, cette expression est liée au fait qu’un homme exige d’un autre qu’il soit « plus fort », c’est-à-dire qu’il se montre capable de supprimer ses réactions émotionnelles et de canaliser cette énergie afin de contrôler la moindre situation et d’établir sa domination.

« Sois un homme » signifie donc, en règle générale, « aban­donne ton humanité ».

Être un homme n’est donc pas une bonne affaire. Lorsque nous devenons des hommes, c’est-à-dire lorsque nous acceptons l’idée selon laquelle nous devrions nous conformer à ce qu’on appelle la « masculinité », nous échangeons ceux de nos traits de caractère qui rendent la vie digne d’intérêt contre une quête de pouvoir infinie, qui se révèle, au bout du compte, illusoire et destructrice, non seulement pour les autres, mais aussi pour nous-mêmes.

Face à cette masculinité toxique, une tentative de réponse a consisté à redéfinir ce que signifie le fait d’être un homme, à façonner une masculinité plus tendre et bienveillante, moins menaçante envers les femmes et les enfants, et plus supportable pour les hommes. Une telle entreprise est toutefois inappropriée : notre objectif ne devrait pas être de redéfinir la masculinité mais de l’éradiquer. L’objectif devrait consister à nous libérer du piège de la masculinité.

J’ai passé mes trente premières années à essayer d’être un homme, à apprendre les codes de la masculinité. Comme tous les hommes, je ne suis jamais vraiment passé maître à ce jeu-là, mais comme beaucoup, j’ai acquis les compétences nécessaires pour m’en sortir. Comme certains, je sentais pourtant au plus pro­fond de moi que quelque chose clochait, à la fois dans mes vains efforts pour être « suffisamment un homme », mais aussi dans le concept même d’être un homme. Qu’il s’agisse de la masculinité-comme-domination ou de la masculinité-comme-sensibilité, rien ne semblait authentique. Tout cela sonnait faux. J’ai passé trente ans à réprimer ce sentiment enfoui, à mon détriment et à celui de mon entourage.

J’ai ensuite passé mes vingt dernières années à essayer de chan­ger, à tracer ma voie afin de passer du statut d’homme à celui d’être humain. Ce processus est l’objet de ce livre, raconté par trois voix différentes. Une partie de ce que j’ai appris provient de mon travail en tant que chercheur et professeur à l’université ; je ferai appel à des chiffres et à de la théorie (qui ne sont pas nécessai­rement ennuyeux, même s’ils le sont souvent). Mes connaissances me viennent également en partie de mon militantisme au sein d’un mouvement féministe, plus précisément du mouvement féministe antipornographie. Sans le féminisme, je n’aurais jamais été en mesure de traiter de ce sujet. Enfin, il s’agit aussi simple­ment de mon histoire, celle d’un homme relativement ordinaire vivant dans un monde ordinaire[1] ; j’essaie d’aborder ma propre vie aussi sincèrement que possible (ce qui peut paraître effrayant, car ça l’est). Étant donné que mon ouvrage navigue entre recherche, politique et faits intimes, je souhaite débuter au moment de ma vie où les trois se sont rencontrés.

En 1988, j’ai abandonné ma carrière de journaliste et d’éditeur pour entamer un doctorat en Éthique et droit des médias à l’uni­versité du Minnesota. Mon intérêt pour les analyses juridiques et philosophiques de la liberté d’expression m’a conduit à la critique féministe de la violence masculine et de l’industrie de l’exploita­tion sexuelle, pornographie incluse — ces questions étaient, à ce moment-là, au cœur de controverses sur la jurisprudence du pre­mier amendement. J’abordais ce sujet en tant qu’homme plutôt normal, avec une consommation et une expérience classiques de la pornographie dans ma jeunesse et au début de ma vie d’adulte ; j’avais des idées libérales/libertariennes assez banales sur la porno­graphie : « chacun ses goûts », « du moment que c’est entre adultes consentants », « ce qui est art aux yeux d’un homme est porno­graphie aux yeux d’un autre », et ainsi de suite. Toutefois, j’avais aussi le sentiment tenace qu’il y avait des questions que je devais me poser, des espaces intimes que je devais sonder, des idées que je devais explorer.

Andrea Dworkin

À l’époque où j’ai repris mes études supérieures, je connaissais vaguement Andrea Dworkin en raison du combat politique qu’elle avait mené afin d’obtenir un arrêté féministe antipornographie au nom des droits civiques, cinq ans plus tôt, à Minneapolis. Pendant cette lutte, ses opposants l’avaient souvent dépeinte comme une gouine féministe anti-hommes. Il s’agit de l’image que j’avais en tête lorsque j’ai commencé à me pencher sur son travail. L’une des premières choses que j’ai lues d’elle, c’est un discours qu’elle avait prononcé devant un groupe d’hommes en 1983, intitulé « Je veux une trêve de vingt-quatre heures pendant laquelle il n’y aura aucun viol » [cf. note2, plus bas]. Ce titre constituait sa réponse à la question « Bon, qu’est-ce que les femmes attendent des hommes, au juste ?». Sa réponse : donnez-nous juste un jour de répit, « un jour au cours duquel de nouveaux corps ne s’amon­celleront pas, un jour au cours duquel aucune nouvelle agonie ne viendra s’ajouter aux anciennes[2]». Par sa sombre simplicité, sa requête était puissante ; elle nous enjoignait à reconnaître que nous sommes à des années-lumière de pouvoir concevoir une journée sans viol.

Sa critique des violences masculines était directe, crue et impossible à ignorer. Or, tandis que je lisais, plus encore que sa façon de critiquer les hommes et de nous tenir responsables de nos actes, c’est l’authenticité de son amour envers les hommes qui m’a frappé. On m’avait dit de cette femme quelle détestait les hommes. Pourtant, son discours recelait une profonde com­passion pour eux et, par extension, pour moi. Voici ce qu’elle expliquait à ces hommes en 1983 :

« Je ne crois pas que le viol soit inévitable ou naturel. Si je le croyais, je n’aurais aucune raison d’être là. Si je le croyais, ma pratique poli­tique serait différente. Vous ne vous êtes jamais demandé pourquoi nous [les femmes] ne prenons pas les armes contre vous ? Ce n’est pas parce qu’il y a une pénurie de couteaux de cuisine dans ce pays. C’est parce que nous croyons en votre humanité, malgré toutes les preuves du contraire[3]. »

Cela m’apparaissait toujours plus clairement : Dworkin voulait aider les hommes à transcender la masculinité, en partie parce qu’elle croyait en l’Autre (hommes et femmes confondus), mais aussi parce qu’elle était mue par un amour et une compassion bien plus sincères que tout ce que j’avais pu voir dans le milieu politique. Cela dit, elle ne voulait pas nous aider simplement dans notre intérêt, mais pour mettre un terme aux violences des hommes envers les femmes. Elle voulait que cessent les harcè­lements, les viols, les agressions, les abus sexuels commis sur des enfants. Elle savait qu’il fallait pour cela que les hommes changent et se sauvent eux-mêmes. Dans ce même discours, elle mettait les hommes au défi d’endosser la responsabilité de ce changement :

« Nous ne voulons pas effectuer le travail qui consiste à vous aider à croire en votre humanité. Nous ne pouvons plus le faire. Nous n’avons cessé d’essayer. Nous avons été systématiquement récompen­sées par de l’exploitation et des insultes. Ce travail, vous allez devoir le faire vous-mêmes à partir de maintenant, et vous le savez[4]. »

C’était la première fois que je pleurais en lisant Dworkin. C’était l’aube d’une prise de conscience : le chemin pour résoudre mon malaise persistant vis-à-vis de la masculinité avait déjà été tracé par des féministes radicales. Néanmoins, cette prise de conscience demeurait encore trop abstraite. Je n’avais aucune idée de com­ment avancer, et aucun modèle pour comprendre ce qu’impliquait le fait d’être un homme travaillant dans un contexte féministe. C’est alors que la chance m’a souri.

JimKoplin

Un jour, alors que je commençais à travailler sur des projets uni­versitaires portant sur la pornographie et le féminisme, j’ai appris qu’un groupe de Minneapolis, Organizing Against Pornography (OAP, « Lutter contre la pornographie »), proposait des confé­rences publiques sur le sujet. J’ai décidé de les appeler, et c’est Jim Koplin, le chef du bureau des bénévoles, qui m’a répondu. Je lui ai dit que, dans le cadre de mes recherches, je désirais en savoir plus sur leur groupe ; Jim s’est tout d’abord montré un peu méfiant dans ses réponses (il m’a plus tard expliqué que cer­tains opposants politiques cherchant à saper le travail de OAP les appelaient parfois sous couvert d’obtenir de plus amples infor­mations, d’où sa méfiance initiale). Après avoir compris que mon intérêt était sincère, il a accepté de m’en dire plus sur le groupe et le rôle qu’il y jouait autour d’un petit-déjeuner.

De retour dans son Minnesota natal après avoir pris une retraite anticipée de la vie universitaire, Jim, anciennement professeur de psychologie, était alors le seul homme travaillant régulièrement pour OAP, une organisation féministe radicale dirigée par des femmes. Son rôle consistait, à ses yeux, à offrir au groupe les com­pétences dont il avait besoin, et ce sous la direction de femmes. On n’attendait pas des hommes qui effectuaient ce travail qu’ils fassent tapisserie ni qu’ils craignent de prendre la parole ou de s’affirmer, expliquait Jim, mais il faut comprendre que les pers­pectives féministes s’ancrent dans l’expérience et la connaissance des femmes. Le rôle des hommes consistait à résister à la tentation de prendre les rênes de ce mouvement collectif, et à écouter, à apprendre et à trouver des moyens appropriés d’y contribuer.

A l’instar de ma lecture de Dworkin, cette première expérience avec Jim bousculait les stéréotypes que j’avais. Voilà quelqu’un qui, malgré sa formation universitaire, ne passait pas son temps à faire étalage de son érudition ; un homme qui ne semblait pas éprouver le besoin de se battre pour être aux commandes. Il avait consacré sa vie à apprendre et à mettre ses connaissances en pra­tique, dans un cadre éthique et politique qui, même s’il m’était peu familier à ce moment-là, avait du sens à mes yeux. Je sentais que mon monde était en train de changer — en bien —, mais je n’y comprenais pas grand-chose.

Nos discussions ont continué autour d’un café hebdomadaire. Nous discutions de problèmes intellectuels, politiques et intimes. Au cours de ce processus, j’ai réalisé que je ne voulais plus seu­lement étudier la question de la pornographie, mais également participer politiquement au mouvement féministe pour lutter contre cette forme d’exploitation sexuelle des femmes. J’avais rencontré les femmes de OAP, et aperçu un rôle pour moi dans l’activisme du groupe. C’est alors que Jim m’a proposé d’avoir « la grande discussion » ; il m’a expliqué que j’étais le bienvenu au sein de OAP, mais que je devais être clair sur mes intentions.

« Si tu veux t’engager avec nous parce que tu veux sauver les femmes, nous ne voulons pas de toi », m’a-t-il dit. J’ai été pris de court : n’était-ce pas le but de la critique de l’exploitation sexuelle des femmes dans l’industrie pornographique ? Certes, m’a répondu Jim, mais trop d’hommes qui s’engagent dans cette voie se voient comme de fiers chevaliers, roulant des mécaniques tel un héros au secours d’une demoiselle, et se révèlent finalement de faux alliés. Ils ne servent nulle autre cause que la leur, s’arrogeant le rôle du héros dans un nouveau contexte pseudo-féministe, et non pour remettre en cause la masculinité. Il faut que tu t’engages pour toi-même, mais d’une façon différente, a-t-il continué : « Tu dois être là pour sauver ta propre vie. »

Même si je ne comprenais pas exactement ce qu’il voulait dire à cet instant, quelque chose dans ces mots a résonné au fond de moi. Voilà ce que le féminisme offrait aux hommes : non seulement une aide aux personnes en souffrance, mais aussi une façon de comprendre que ce même système de domination masculine qui fait souffrir tant de femmes empêche aussi les hommes d’être pleinement humains.

La lutte

Andrea et Jim me l’ont clairement fait comprendre : je pouvais soit me contenter d’être un homme, soit lutter pour devenir un être humain.

Si je me contentais d’être un homme, les bénéfices seraient évi­dents, mais les coûts cachés seraient énormes. Je pourrais me faire une place dans la hiérarchie, avec des attentes respectables sur le plan matériel, un bon statut social, mais je continuerais de vivre avec ce sentiment étouffant de ne pas être assez viril. J’essaierais sans cesse de me conformer à l’idée conventionnelle de ce qu’être un homme signifie, qui me semble pourtant particulièrement malaisante.

Si je luttais pour devenir un être humain, j’irais certainement au-devant d’importantes difficultés et peines, mais je franchirais des étapes vers ma propre libération. Je renoncerais à des avan­tages tangibles pour obtenir, à long terme, un bénéfice difficile à décrire.

Andrea et Jim me l’avaient clairement fait comprendre : mieux valait lutter, non pas parce que c’était facile, mais parce que c’était la seule manière de me sauver. Une fois conscient de cette alter­native, je n’ai plus vraiment eu le choix. Vivre dans le brouillard, sans avoir conscience qu’il existe une alternative à l’existence qu’on trace pour nous, a son prix. Si l’on sait qu’il existe des alternatives et si l’on a conscience du choix qui s’offre à nous, mais que l’on s’en détourne, alors on se condamne à une vie de regrets.

Près de vingt ans plus tard, je ne saurais néanmoins sous- estimer l’importance de cette décision. Non seulement la lutte est plus douloureuse que ce que j’avais imaginé, mais j’ai eu de plus en plus de mal à faire face à mes échecs en cours de route. Aujourd’hui encore, tandis que j’écris ces lignes, la douleur n’a pas complètement disparu, et mes échecs sont toujours par trop fréquents et déchirants. Parfois, je souhaiterais ne pas savoir ce que je sais ; ces jours-là, je me sens couler. Je n’ai pourtant jamais regretté ma décision. La constance de Jim et le souvenir d’Andrea me rendent la tâche plus aisée, même dans les moments où je me sens rompre sous son poids.

Vingt ans plus tard, Jim est toujours mon ami et allié. Alors que mon rôle d’écrivain et de conférencier (sur la pornographie et d’autres sujets politiques progressistes) m’amenait davantage sur la scène publique, j’ai pu compter sur ses connaissances, son avis et son soutien. J’ai rencontré beaucoup d’hommes dans la lutte fémi­niste, dont un grand nombre s’est révélé indigne de confiance, mais aussi beaucoup d’autres dont l’engagement et le courage m’ont redonné espoir. Parmi ces derniers, Jim reste mon modèle : il est la preuve que des personnes en position de privilège peuvent travailler avec intégrité à saper les systèmes de pouvoir et de privilège.

Andrea est morte le 9 avril 2005, après plusieurs années à se battre contre différents problèmes de santé qui, selon moi, étaient en partie liés à son travail politique. Andrea s’est donnée cœur, corps et âme pour faire valoir ce simple principe : les femmes comptent autant que les hommes, et les hommes doivent le reconnaître et changer en conséquence. Elle est restée ouverte aux douleurs aussi bien des hommes que des femmes pour comprendre la façon complexe dont le patriarcat peut détruire les femmes et contraindre les hommes. Quoi que l’on pense de ses positions poli­tiques, il est impossible de ne pas avoir de respect pour le courage avec lequel elle fit face à ces douleurs. Difficile, en outre, de ne pas comprendre que ce sont ces mêmes douleurs qui ont participé à la tuer.

C’est mon amie Gail Dines, avec laquelle j’ai écrit un livre sur le sujet de la pornographie, qui m’a appris la mort d’Andrea au téléphone. Je me rappelle avoir eu l’impression que mon cœur sombrait dans ma poitrine lorsqu’elle a prononcé ces paroles. Ma première réaction a été : « Oh, Gail, qu’est-ce qu’on va bien pou­voir faire maintenant ? »

Refuser de détourner le regard.

Que pouvions-nous faire ? Continuer. Aux côtés d’autres personnes engagées dans la critique féministe du monde pornographique, Gail et moi-même avons continué notre travail de recherche, d’écriture et d’organisation. Cela peut sonner cliché, mais c’est ce qu’Andrea aurait attendu de nous.

Je crois qu’Andrea a été la première à comprendre que l’indus­trie pornographique contemporaine et les images quelle produit permettent de bien cerner les conséquences du patriarcat et de la masculinité. Selon moi, les regarder sincèrement revient à s’ou­vrir à la douleur qu’Andrea décrivait. Ce n’est pas tâche facile. Il est tentant de détourner le regard ou de les observer de manière superficielle ; c’est ce que font la plupart des gens. Néanmoins, cela revient à abandonner notre devoir envers les autres et envers nous-mêmes.

Cet ouvrage est le fruit d’environ vingt ans de travail, d’acti­visme et de lutte, à la fois intellectuelle, politique et personnelle. je ne conçois pas mon expérience comme parfaitement classique ni mon parcours comme un modèle, ni encore mes réponses comme des vérités universellement applicables. Toutefois, je suis assez certain que mes questions sont cruciales. Je suis persuadé que peu importe à quel point il est difficile de regarder en face ce que la pornographie nous apprend sur nous-mêmes, nous devons le faire.

Pouvons-nous le supporter ? Pouvons-nous nous permettre de ne pas le faire ?


[1] Je me servirai tout au long du livre d’adjectifs tels que « normal » et « ordinaire » pour décrire mon expérience et celle d’autres personnes. Ces termes ne renvoient pas à la « normalité » au sens normatif— en tan t que prescription sur ce qui devrait être. Je les emploie plutôt dans un sens descriptif, pour désigner des expériences courantes dans la culture états-unienne majoritaire. Le but de ce livre est d’ailleurs de remettre en question les préjugés politiques et moraux qui se cachent derrière une bonne partie de ce qui passe pour normal dans la société.

[2] Andrea Dworkin, Letters From a. War Zone: Writings 1976-1987, Chicago, Lawrence Hill Books, 1993 [1988], p. 170. [l’intégralité de ce texte est présent dans l’anthologie Souvenez-vous, résistez, ne cédez pas (éds. Syllepse/Remue-ménage), et on peut le lire ici : https://tradfem.wordpress.com/2014/11/15/je-veux-une-treve-de-vingt-quatre-heures-durant-laquelle-il-ny-aura-pas-de-viol-2/ ]

[3] Ibid., p. 169.

[4] Ibid., p. 170.