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Rachel Silvera : Le plan Bayrou ou l’austérité contre les femmes

(article publié dans Alternatives économiques)

On le sait, le plan de désendettement présenté par le Premier ministre François Bayrou le 15 juillet 2025 et sur lequel il a engagé la survie de son gouvernement prévoit 43,8 milliards d’euros d’économie. Il comporte des mesures d’austérité qui affecteront de manière disproportionnée les personnes les plus précaires et notamment les femmes.

Ce plan est vivement critiqué par la gauche et les syndicats. Diverses associations féministes comme Osez le féminisme ou des parlementaires comme la sénatrice socialiste Laurence Rossignol ont également dénoncé cet été les effets sexués de ces annonces.

Le vote de confiance à l’Assemblée nationale auquel le Premier ministre a décidé de se soumettre, le 8 septembre 2025, risque fort de conduire au renversement du gouvernement. Ce qui nous permettrait d’échapper, espérons-le, à ces mesures qui s’inscrivent dans un plan structurel accentuant les inégalités, notamment entre les femmes et les hommes.

Les femmes en première ligne

Les propositions du plan Bayrou peuvent avoir des impacts très négatifs sur les catégories de salarié·es les plus précaires : suppression de jours fériés, gel des prestations sociales (RSA, AAH, APL), réduction des droits à l’assurance chômage, coupes dans les dépenses de santé ou encore non-remplacement des fonctionnaires partant à la retraite.

Les femmes sont en effet surreprésentées parmi les allocataires des minima sociaux, les mères isolées, les retraitées à faible pension, elles aussi plus nombreuses, les personnes en affection longue durée et les usagères des services publics, puisqu’elles en sont les premières utilisatrices. Rappelons que les femmes représentent 56 % des allocataires du minimum vieillesse. Elles sont également 54 % parmi les personnes au RSA et, selon le Centre d’information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF), « elles représentent même 96 % des allocataires du RSA majoré, accordé temporairement aux parents qui assument seuls la charge d’au moins un enfant né ou à naître ».

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Précisions concernant les retraites [extraits]

Deux annexes tirées de l’ouvrage de Christiane Marty, Retraites – saison 2022, éd. du Croquant, 2022, 75p., 3€. afin de comprendre les fonctionnement actuels.

Annexe 1

Retraites : répartition et capitalisation

Dans un système de retraites par répartition, ce sont les cotisations des personnes en activité qui sont immédiatement utilisées pour payer les pensions des retraité.es. Dans un système par capitalisation, les cotisations alimentent des ‘ placements financiers dont le rendement futur (incertain) déterminera le montant de la pension. La capitalisation est basée sur une logique d’assurance individuelle, opposée donc à la répartition qui est basée sur la logique de solidarité qui est au I fondement de la protection sociale.

Contrairement à ce que l’on peut penser, la capitalisation ne consiste pas à épargner son propre argent pour sa retraite : c’est un placement dont la valeur, qui déterminera la pension au moment de la retraite, dépendra de toute façon de la richesse économique créée à ce moment-là par le travail des actifs. Les cotisations dans un régime pari capitalisation donnent simplement des « droits à valoir » sur la production future. Ainsi, en répartition comme en capitalisation, les pensions des retraité.es sont prélevées sur la richesse produite en temps réel : la différence tient simplement à la manière de répartir cette production.

Mais dans les deux cas, les difficultés seront les mêmes si l’évolution démographique fait qu’il y a trop peu de personnes en activité pour produire suffisamment de biens et de services pour tout le monde. C’est donc une illusion de croire que l’épargne privée et les fonds de pension seraient mieux à même d’assurer l’avenir des retraites.

De plus, la capitalisation en reposant sur le rendement du capital, est très sensible à l’évolution des marchés financiers. À la suite de la crise financière de 2008, de nombreuses personnes des pays où les fonds de pension sont très développés ont vu fondre leur épargne retraite en quelques mois, et la plupart des pensions ont dramatiquement diminué. Ce sont alors souvent les gouvernements de ces pays – et donc l’ensemble des contribuables – qui sont intervenus pour limiter les dégâts.

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