Archives du mot-clé culture du viol

« Pas tous les hommes quand même ! »

[Je repique cette courte chronique publiée dans le journal Bifisud n°57 du syndicat Sud au CHU de rennes]

« Pas tous les hommes quand même ! », c’est le titre d’un petit livre féministe au ton vif, colérique et plein d’humour, de Giulia Foïs, une journaliste. (2025, éditions La Meute, 11.5€.)

L’autrice revient dans son essai sur cette phrase répétée, ad nauseam, dés qu’un témoignage de violence sexiste et sexuelle voit le jour : « Pas tous les hommes quand même ! »

L’autrice montre en quoi cette phrase est une résistance aux dénonciations et analyses féministes. Elle fait en effet taire les victimes en détournant le sujet, elle minimise les violences masculines d’une société patriarcale, et cherche à nier le caractère systémique de celles-ci. Elle permet aussi aux hommes d’éviter un examen de conscience qui serait pourtant fort utile.  « Celui qui dit #NotAllMen souligne, en creux, que lui n’a pas violé. Estimant sans doute qu’il mérite des lauriers. Oubliant que c’est le minimum qu’on puisse lui demander. (…) Cesser de dire #NotAllMen, c’est trouver la force de s’interroger : dans ce système que je dis conchier, quel a été mon rôle ? » Et lequel est-il aujourd’hui ?

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(Communiqué de presse) Crimes de l’industrie pornographique : les faits doivent être jugés dans leur intégralité

Le 17 octobre, la cour d’appel de Paris rendra une décision importante dans l’affaire dite “French Bukkake”. Les dizaines de victimes des crimes de l’industrie pornographique devront-elles se contenter d’une justice au rabais ?

Quatre ans. Cela fait plus de quatre ans que les 42 victimes qui se sont portées parties civiles dans l’affaire dite « French Bukkake » attendent le procès des hommes qui les ont exploitées sexuellement. Dans cette affaire dévoilant les rouages criminels de l’industrie pornographique française, 17 hommes ont été mis en examen pour viols en réunion, traite d’êtres humains en bande organisée et proxénétisme aggravé.

Les violences que ces femmes ont subies sont insoutenables. Manipulées et prises au piège par un rabatteur, elles ont été violées à de multiples reprises. Le dossier d’instruction contient des centaines d’heures d’images de violences sexuelles extrêmes.

L’une des victimes associe les multiples viols qu’elle a subis à de la torture : « J’ai été violée 240 fois, ce n’est pas de la torture ça ? Quatre-vingt-huit fois sur le bukkake, quarante-quatre fois en une heure. Je sais que j’ai été violée, ce n’est pas ça le sujet, le sujet c’est la torture. Aucun humain n’est capable d’absorber quarante-quatre pénétrations en une heure », témoigne l’une des victimes. 

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Communiqué de presse : La Grande Cause définitivement classée sans suite ? 

Nos associations, le Collectif Féministe Contre le Viol, Osez le Feminisme!, l’Association européenne contre les Violences faites aux Femmes au Travail (AVFT), Du Côté des Femmes, En Avant Toute(s), Fédération Nationale Solidarité Femmes (FNSF) et la Fondation des Femmes, ont découvert via un article du Journal Du Dimanche l’existence d’une dépêche interministérielle en direction des procureurs de la République, qui aurait débouché sur des classements sans suite massifs et un déni de justice pour des milliers de victimes.

Un classement sans suite désigne l’arrêt d’une procédure judiciaire consécutive à une plainte. C’est le procureur de la République qui en prend la décision. Dans une dépêche de mai 2021, il a été demandé d’accélérer le classement sans suite de nombreuses plaintes pour désengorger les commissariats et services d’enquêtes.

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Didier Epsztajn : Grimpons au sommet d’un building histoire d’aller croquer quelques avions de chasse

« La culture systémique du viol préside à l’organisation de nos sociétés occidentales. L’objet de ce livre est de montrer qu’elle irrigue aussi tout un pan de la culture pop : celui des dinosaures en littérature et au cinéma »

Loin des tristesses ou de l’arrogance de certaines analyses, Ïan Larue éclaire la nuit de ludiques images. Elle nous parle avec humour de dinosaures, de constructions mentales, de serpent et d’anathème religieux, « Les animales que nous fantasmons sous le nom de reptiles sont pensées comme notre envers diamétral », de scènes cultes hollywoodiennes, de reptiliennes et de déesses.

Je souligne sa capacité à rire des constructions sexistes des mondes, de l’idéologie sociale masculiniste, « Les petits riens comme les grands sauriens », des imaginaires normées pour que rien ne change dans la domination, des fantasmes masculinistes de bipède alpha et assassin, de la taxonomie hiérarchisante, de la glorification fantasmatique du tirex, des frontières construites et déplacées, « cette ligne mythifiée qui abrite la civilisation », des monstres qui éblouissent les petits garçons, de la jungle au prisme hollywoodien, des tartes à la crème du patriarcat, « Accuser la victime d’un viol d’avoir provoqué ce crime et la tragédie qui s’en suit est une des tartes à la crème du patriarcat »…

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