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Enseignements féministes de la guerre

Alors que la guerre ne cesse de faire rage dans différentes régions du monde et que les menaces d’extension des conflits se précisent, je me permets de donner un coup de pub pour un livre publié récemment par les éditions Solanhets.

Traduit par Béatrice Solanet et Joseph Cuétous
ISBN : 979-10-94791-32-5 (broché)
Prix : 20 € (broché)

C’est le 3ème ouvrage de Cynthia Enloe publié par ces mêmes éditions.

Extrait :

Les enseignements féministes concernent tout le monde
Un enseignement utile est toujours en mouvement. Il n’est pas statique. Il n’est pas juste fait pour être répété par cœur. Un enseignement féministe, avant tout, c’est comme une allumette pour enflammer un embrasement de pensée.
Les enseignements féministes présentés ici sont douze… et les suivants. Chacun de ces douze enseignements est apparu après des années de réflexions, de recherches, d’interrogations, de comparaisons, de décomptes, de discussions, de récits et d’échanges – et de nouvelles réflexions. Les assimiler, puis agir à partir de chacun de ces enseignements féministes, confère une fiabilité supérieure à nos connaissances de la guerre, ce qui nous confère, en retour, une plus grande valeur en tant que membres de la cité – de nos propres pays, et du monde entier.
Le féminisme n’est pas un club. C’est un réseau poreux, et en expansion permanente, de femmes et d’hommes qui réfléchissent sérieusement sur la vie complexe des femmes, sur les relations des femmes avec les hommes, avec les États et entre elles. Le féminisme consiste à interroger, à partager, à explorer les mécanismes de l’inégalité et de l’injustice. Tout le monde peut participer à ce questionnement engagé – un questionnement sur les blessures, un questionnement sur l’expertise, un questionnement sur la « chair à canon », un questionnement sur la sécurité, un questionnement sur l’esclavage sexuel, un questionnement sur la reconstruction, un questionnement sur le « brouillard de guerre ».
Une mise en garde : il faut de la ténacité dans ses interrogations pour devenir et rester féministe. C’est ce que nous ont montré toutes les femmes militantes présentées dans ce livre. Le patriarcat – et les personnes tirant profit du privilège qu’elles octroient à certains types de masculinités – a besoin que nous manquions de ténacité, que nous nous épuisions à la tâche. Le patriarcat compte sur le fait que nous nous retirions dans un individualisme superficiel, un fondamentalisme insensé ou un cynisme pseudo-sophistiqué.

Un militant LGBT français de premier plan arrêté pour le viol et la torture d’une fillette de 4 ans gravement handicapée

Audrey A propose ici une traduction [grand merci pour votre travail !] d’un article détaillé publié par Anna Slatz sur le site Reduxx, compte tenu du fait que la presse généraliste française n’a pas immédiatement exposé certains aspects concernant l’accusé dans cette affaire. Cet article vise donc à présenter une vue d’ensemble plus complète des faits rapportés.

Un éminent militant LGBT français a été arrêté et accusé d’avoir infligé des actes de viol, torture et barbarie à une petite fille souffrant d’un grave handicap du développement. Pierre-Alain Cottineau, 32 ans, a été appréhendé le 23 septembre à son retour de vacances en Tunisie, à l’aéroport de Nantes.

Cottineau était une figure connue en Loire-Atlantique pour son militantisme politique, notamment en faveur de la communauté LGBT, des jeunes et des minorités. En 2021, il s’était présenté aux élections départementales sous la bannière de La France Insoumise (LFI), politique de gauche appliquant une politique de « tolérance zéro » à l’égard des « propos ou comportements sexistes, racistes, antisémites ou LGBTIphobes » parmi ses membres.

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Continuer la lutte anti-militariste avec l’inspiration d’Andrée Michel

En honneur à son enthousiasme et sa fougue, à son courage et à son exemple de lutte, quelques éléments de son parcours et de sa réflexion, repris de la préface de son dernier ouvrage : https://www.editions-ixe.fr/catalogue/feminisme-et-antimilitarisme/. Andrée Michel est décédée le 8 février 2022.

Andrée Michel : une féministe anti-militariste dans le siècle

Larges extraits de l’Avant-propos de Jules Falquet au livre d’Andrée Michel

Hay mujeres que luchan un día, y son buenas
Hay mujeres que luchan muchos dias, y son muy buenas
Hay mujeres que luchan muchos años, y son mejores
Y hay mujeres que luchan 101 años
Estas son las imprescindibles 

Bertold Brecht (adaptation)

Solo le pido a Dios
Que la guerra no me sea indiferente
Es un monstruo grande y pisa fuerte
Toda la pobre inocencia de la gente
 
Chanson de Mercedes Sosa

On connaît généralement Andrée Michel comme l’une des premières sociologues de la famille, puis des femmes et du travail, dans les années 1960 et 1970 en France. Pourtant, au-delà de ces travaux novateurs, aujourd’hui devenus classiques, on a à faire à une féministe « intégrale » – à la fois militante et chercheuse – et à une précurseuse dans plusieurs autres domaines capitaux, notamment la sociologie des migrations mais aussi, et surtout, le militarisme et le Complexe militaro-industriel (CMI), expression traduite de l’américain qu’elle a été la première à utiliser en France (Michel, 1985a). 

Dans les années 1950, elle ouvre le champ de la sociologie des migrations en France, étudiant et dénonçant les conditions de logement et de travail des ouvriers algériens, tout en s’engageant dans les luttes anti-coloniales, algériennes en particulier. Dès les années 1960, elle milite activement au Planning familial, publie l’un des premiers ouvrages de référence sur la situation des femmes (Michel et Texier, 1964), puis le premier (et unique) « Que sais-je ? » sur le féminisme, paru en 1972 et traduit en six langues. Après plusieurs années à enseigner en Algérie, puis aux États-Unis et au Canada, revenue en France elle fonde en 1974 la première équipe de recherche sur les femmes au CNRS. 

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Tribune féministe : ce que nous n’acceptons plus dans le milieu militant

Cette tribune s’adresse en priorité aux femmes et aux minorités de genre. Les hommes alliés féministes peuvent nous soutenir en diffusant dans leurs réseaux. 

De l’humour sexiste nous assignant à notre genre à ces gestes imposés à nos corps, en passant par le piétinement de notre parole, la mixité est encore trop souvent, dans les espaces militants, une lutte dans la lutte. 

Aucun espace de notre vie n’est épargné par ces violences sexistes et sexuelles : dans nos familles, avec nos ami·e·s ou encore au travail, nous, les femmes y sommes confrontées. C’est épuisant. Nous le savons, aucun espace n’est vierge de rapports de pouvoirs, en particulier dans le cadre d’un système politique et économique capitaliste qui promeut la domination patriarcale. Or, minimiser ces rapports de domination ou les nier, c’est les accepter. Il est donc nécessaire d’interroger la manière dont le pouvoir est conçu et confisqué dans nos organisations politiques, syndicales ou associatives. Cette loi du plus fort que nous dénonçons dans la société, devons-nous la subir aussi dans nos organisations ? 

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Genre, guerre et désavantage masculin

 

Par Michael Flood et David Duriesmith, 21 juillet 2017.

Les militants masculinistes se plaignent que la guerre est la source d’un grand désavantage pour les hommes. Ils citent les taux plus élevés de conscription masculine et le nombre important de décès et blessés chez les hommes soldats comme des exemples imparables du désavantage des hommes par rapport aux femmes. Mais cette analyse est biaisée.

Oui, un grand nombre d’hommes et de garçons sont tués et blessés à la guerre. Ils sont majoritairement envoyés au combat par d’autres hommes. Les hommes plus que les femmes soutiennent les guerres. Et la masculinité traditionnelle a été primordiale dans les justifications données à la guerre. Ce sont les hommes, pas les femmes, qui ont empêché ces dernières de les rejoindre dans les postes militaires et de combat. Les féministes et les mouvements des femmes ont joué des rôles clés dans la dénonciation des guerres et du militarisme. En définitive, les conséquences globales de la guerre, du conflit et de leurs répercussions sont plus lourdes pour les femmes que les hommes.

Plus précisément :

1. Dans l’immense majorité des cas, les hommes et les garçons sont envoyés à la guerre par d’autres hommes, pas par des femmes. En particulier parce qu’une grande majorité de chefs d’États, dirigeants politiques et militaires sont des hommes.

– Alors que, statistiquement, les femmes cheffes d’États ne vont pas moins à la guerre que leurs homologues masculins, les sociétés qui ont autorisé le vote des femmes depuis deux fois plus longtemps que les autres ont cinq fois plus de chances de résoudre un désaccord international pacifiquement (Caprioli, 2000). De la même façon, les États ayant un plus petit pourcentage de femmes élues au parlement ont significativement plus de chances de résoudre les désaccords internationaux par la guerre (Caprioli, 2000) (une baisse de 5 % de la participation des femmes dans un parlement multiplie par cinq les chances qu’un État use de violence militaire pour résoudre les désaccords).

2. Plus généralement, les hommes sont des soutiens plus enthousiastes à la guerre et au militarisme que les femmes.

– Il existe une différence de genre vis à vis de la guerre : le soutien des femmes à la guerre est systématiquement plus bas que celui des hommes, tout particulièrement lorsque l’on compare la perception des femmes et des hommes pour des guerres ou des interventions militaires précises (Brooks & Valentino, 2011 ; Eichenberg, 2003, 2007 ; Wilcox, Hewitt & Allsop, 1996). Continuer à lire Genre, guerre et désavantage masculin